Grand Hôtel Dieu de Lyon, un chantier monumental pour magnifier la pierre

Grand Hôtel Dieu de Lyon, un chantier monumental pour magnifier la pierre

Si vous êtes lyonnais, il y a forcément un membre de votre famille qui y a poussé ses premiers cris ! Construit sur près de 2 hectares de la presqu’île, l’Hôtel-Dieu de Lyon est l’un des bâtiments les plus emblématiques de la capitale des Gaules. Tout dans la rénovation de ce qui fût le premier hôpital de la ville, est marqué par le gigantisme. Alors en s’attaquant à ce projet, architectes et maîtres d’œuvre ont défié 9 siècles d’histoire… et de pierres !

Pendant des siècles, l’Hôtel-Dieu a été une véritable fourmilière. Des milliers de Lyonnais sont notamment nés ou ont été soignés dans cet hôpital. Il fallait donc concevoir un projet qui permettrait à nouveau d’accueillir le public local mais aussi les visiteurs et les touristes pour une expérience inédite. Bernard Vitiello, chef de projet Eiffage, se félicite de voir que l’endroit va devenir un lieu multi-activités : « on va trouver des bureaux, des commerces, un hôtel 5 étoiles, un centre de convention, quelques logements, des parkings, la Cité internationale de la Gastronomie. Il y aura également 8 000 m² de cours et de jardins ouverts au public. C’est presque un quartier entier que l’on recrée ! »

Des pierres qui ont traversé les siècles

Côté architecture, l’Hôtel-Dieu est une superposition de constructions de différentes époques. Et en fonction de ces époques, ce sont différents matériaux qui ont été utilisés. Les pierres sont évidemment très présentes et l’architecte des Monuments historiques, Didier Repellin, a étudié de près leurs caractéristiques et leur origine. « Toute la partie du 17e siècle est en pierre de Saint-Cyr, Saint-Didier, Saint-Fortunat. Ensuite, pour la partie 18e, ce sont des pierres de Villebois pour le socle et du calcaire de Lucenay pour les parties en élévation. Et puis la partie 19e, c’est plutôt en pierre de Seyssel. » Par chance, les pierres étaient restées en bon état. Très peu ont dû être changées. On a remis quelques pierres de Villebois aussi bien en parement qu’au sol. La pierre de Seyssel a elle souvent été remplacée par de la pierre de Lens.

Didier Repellin, architecte des Monuments historiques

40 000 m² de façade en pierre à rénover

Si les pierres étaient restées en bon état, elles avaient souvent été noircies par le temps (et la pollution) et le bâtiment paraissait lugubre et froid. Aujourd’hui, après plusieurs mois de travail, elles ont retrouvé leur éclat d’antan. Bernard Vitiello est fier du travail accompli : « 40 000 m² de façades ont été rénovés. On a utilisé une projection de sable fin et de particules de verre pour nettoyer la pierre sans l’altérer. C’est ce qu’on appelle le gommage à l’archifine. C’est l’entreprise de rénovation des Monuments historiques Pradeau-Morin qui a ainsi rénové les façades. Ensuite, l’ensemble a été recouvert d’un badigeon à l’eau forte, c’est un mélange de chaux, d’eau et de pigments qui permet de retrouver une couleur homogène mais en gardant la pierre en apparence. »

Détails de la façade Soufflot ©Vincent Ramet

Des grues géantes au cœur de Lyon

L’architecte Didier Repellin se souvient que les équipes ont dû faire face à une difficulté de taille durant le chantier, celle de l’acheminement des matériaux. « Les portails étant assez étroits, cela s’est fait avec 3 grandes grues qui permettaient de prendre les matériaux à l’extérieur et de les mettre à l’intérieur des cours. » La localisation du site, en plein centre-ville, était évidemment une difficulté supplémentaire. Bernard Vitiello rappelle que même l’installation des grues a été spectaculaire. « On avait une énorme grue de montage qui était sur le quai et qui passait au-dessus du bâtiment pour aller installer les grues dans les différentes cours. Certaines de ces grues ont fait jusqu’à 75 mètres pendant les opérations de gros œuvre ! »

Bernard Vitiello, chef de projet Eiffage ©Erick Saillet

« L’unité de mesure, ce n’est pas le m² mais l’hectare »

Le chantier de l’Hôtel-Dieu a été un chantier hors-norme. Didier Repellin rappelle que « l’unité de mesure, ce n’est pas le m² mais l’hectare ». Tous les chiffres du projet donne le tournis : une surface de façades de 40 000 m², des grues de 75 mètres, des hauteurs de 6 à 7 mètres... Dans l’hôtel par exemple, les concepteurs ont su exploiter ces volumes avec des chambres ayant de grandes hauteurs sous plafond ou des chambres en duplex. Didier Repellin aime aussi préciser que « le côté hors-norme de ce projet, c’est la qualité des savoir-faire qui ont permis de réaliser cette œuvre. » Il ne faut pas oublier que sur l’ensemble du chantier, ce sont près d’un millier de personnes qui ont travaillé à cette rénovation.

Angle rue de la Barre et Quai Courmont en cours de rénovation ©Vincent Ramet

Les moments forts du projet

Alors forcément certains instants ont marqué les équipes. Pour Didier Repellin, le plus impressionnant, « c’est lorsque l’on a enlevé tout l’intérieur et qu’on a retrouvé l’enveloppe originelle du Grand Hôtel-Dieu. Cela a pris un an d’enlèvement, pour 100 m3 de débris par jour ! » Le grand volume retrouvé donnait tout son sens au projet des architectes. Pour Bernard Vitiello, le chef de projet d’Eiffage, l’élément fort du chantier, « c’est la Cour du Midi avec sa verrière qui est en fait un grand parapluie de verre couvrant toute la cour ; c’est quelque chose de fort surtout quand on a l’image de ce que c’était auparavant. » Et puis il y a eu toutes sortes de découvertes décrites par Bernard Vitiello : « on a mis à nu des ouvertures qui étaient complètement bouchées, des traces de l’histoire avec, par exemple, des dallages en pierre que l’on n’avait pas vus, qui sont en grandes pierres de Villebois et que l’on a conservés. Et puis au moment des fouilles archéologiques, on a découvert des vestiges gallo-romains comme une très belle fresque du 1er siècle après JC ou encore des sépultures. » Des moments inoubliables…

La cour Saint-Martin en fin de restauration ©Vincent Ramet

Le public accueilli très bientôt

« C’est une première étape qui va se terminer dès la fin de l’année, annonce Bernard Vitiello. On va achever l’essentiel des bureaux, des commerces et quelques logements. » Le site sera ouvert au public au printemps 2018. Il faudra ensuite attendre la fin de l’année pour l’ouverture de l’hôtel et du centre de convention. Enfin le 2e trimestre 2019 marquera l’inauguration de la Cité de la Gastronomie. Une véritable renaissance pour un lieu si cher à tant de Lyonnais !

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