Désormais lorsque les Polonais fouleront le parvis de la cathédrale de Cracovie, ils fouleront aussi un petit bout de France. C’est en effet la pierre de Hauteville qui a été choisie pour la rénovation du parvis de ce monument si réputé en Pologne. Une belle histoire symbole d’une pierre française qui sait s’exporter. Récit d’une success story rhônalpine !
Cette histoire a débuté par une rencontre. « C’est un Polonais, installé en France et qui avait déjà l’habitude de travailler avec les granits bretons, qui est venu nous voir car il cherchait du calcaire pour refaire le dallage du parvis de la cathédrale », explique avec enthousiasme Christian Laurent, qui dirige Euromarbles, une entreprise installée en Nord-Isère sur la commune de Porcieu. L’Eglise polonaise recherchait avant tout une pierre de qualité. « L’ouvrage précédent s’était très rapidement dégradé. Les clients ont donc été très exigeants sur la recherche de la pierre. » Et après de multiples tests effectués sur différentes matières européennes, « ils ont plébiscité sur la pierre de Hauteville qu’ils ont trouvée la plus résistante. » Ce sont 400 m3 de blocs de Hauteville qui ont été envoyés en Pologne.
Christian Laurent, dirigeant d'Euromarbles
La pierre de Hauteville est une roche calcaire blanche aux teintes roses, bleues ou grises. Légèrement ambrée, elle peut s’apparenter au marbre. Cette pierre naturelle est très dure et réputée pour sa haute résistance aux agressions climatiques et physiques. C’est pourquoi on l’utilise pour des constructions dans le monde entier : la Bibliothèque Nationale à Paris, le socle de la Statue de la Liberté et l’Empire State Building à New-York. Ce matériau est aussi non poreux, non gélive et résistant à la chaleur. Et ce calcaire marbrier peut subir un grand nombre de finitions, du poli à l’adouci en passant par le flammé.
Le socle de la Statut de la Liberté à New-York construit en pierre de Hauteville
Et il fallait bien une pierre comme celle-ci pour un monument phare de la ville de Cracovie. La cathédrale Saints-Stanislas-et-Venceslas est l’un des monuments historiques polonais les plus importants. Principale église de l’archidiocèse de Cracovie, l’édifice est aussi le sanctuaire national où de nombreux rois, reines et héros nationaux de Pologne ont été enterrés. C’est aussi là, dans la crypte de la cathédrale que, le 2 novembre 1946, Karol Wojtyla, le futur pape Jean-Paul II, a célébré sa 1ère messe. Et depuis 1978, le monument est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour satisfaire les exigences de leurs clients polonais, l’entreprise a dû sélectionner une qualité bien précise appelée le banc D. Dans l’atelier de Porcieu, il y a ensuite eu « une seconde sélection parce que dans un bloc, tout n’est pas bon à 100%, il y a une sélection qui doit être faite presque pierre par pierre. » C’est grâce à ces efforts que la pierre de Hauteville s’est montrée la plus résistante au gel ou encore à l’écrasement lors des tests mécaniques réalisés en laboratoire. L’obtention de ce marché a été reçue comme une belle récompense de leur rigueur.
Carrière de Hauteville
La cathédrale de Cracovie n’est pas une exception. Près 25 à 30 % de l’activité des sites d’extraction de Porcieu en Isère et de Hauteville et Champdor dans l’Ain, est destiné à l’export. Et les clients sont partout : « en Suisse avec une clientèle récurrente et des marchés privés haut-de-gamme, en Angleterre où l’on a aussi développé un réseau commercial, aux Etats-Unis avec de plus en plus de clients, et depuis 2 ans en Italie où l’on vend principalement des blocs. » Certains projets font particulièrement la fierté de Christian Laurent. C’est le cas du dallage de la gare de Paddington à Londres. « Le choix du maître d’ouvrage s’est porté sur du chandoré bayadère, c’est à dire bicolore, jaune et gris. C’est un chantier qui a été réalisé sur plusieurs années et c’est une gare importante qui fait la liaison avec l’aéroport d’Heathrow. »
Extraction de la pierre de Hauteville
L’export est une vraie opportunité pour les carrières tricolores et notamment en Auvergne-Rhône-Alpes. Il faut dire que pour faire face à la concurrence de la pierre étrangère en France, la pierre française doit elle aussi semer des cailloux à l’international. Et sa réputation n’est plus à faire car le label France est synonyme de qualité. Une réputation qui sera très bientôt valorisée par l’Indication géographique (IG) « Pierres marbrières de Rhône-Alpes ». Cette certification actuellement en cours auprès de l’INPI permettra de communiquer auprès des clients et des prescripteurs sur l’authenticité de l’origine des produits en pierre et de valoriser les savoir-faire et les territoires. Un argument de plus pour la vente à l’international !