A quoi ressembleront nos habitats, nos déplacements et nos infrastructures en 2050, en 2080 ou en 2100 ? Quels seront les matériaux utilisés ? La pierre sera-t-elle encore la matière première essentielle de la construction ? Rencontre avec la futurologue, Geneviève Bouché, pour un voyage vers le futur…
Après la sédentarisation et le développement de l’agriculture et de l’élevage, après l’industrialisation et la maîtrise de la production, la révolution numérique est en cours et s’accélère. « Elle va réorienter le temps rendu disponible par la robotisation et les différents progrès, vers des activités dites contributives », prophétise d’abord Geneviève Bouché. Selon elle, l’homme cherchera des activités qui lui donne la possibilité de contribuer au bien commun : la famille, le partage du savoir, l’innovation, la démocratie ou encore la spiritualité. Il va donc falloir adapter nos bâtiments et leurs vocations pour les réorienter vers de véritables lieux d’échanges. On peut déjà s’attendre à un profond renouvellement des règles d’urbanisme et de la construction.
Ces dernières décennies, on a vidé les campagnes et pour faire croître les métropoles. Pour la futurologue, avec l’ère immatérielle qui se profile, « les gens n’auront plus besoin de s’agglutiner dans les villes, dans les villages verticaux que sont les immeubles, en revanche, ils voudront de plus en plus donner un cadre de vie de haut niveau à leur famille. » On s’éloignera des villes pour de l’habitat plus individuel. On reverra les règles du vivre ensemble : « on se retrouvera avec les siens mais on entretiendra aussi des relations constructives avec les gens de son quartier, de son village. » On va avoir besoin de « se rebooter à l’authentique, à la matière. » Selon Geneviève Bouché, « on aura de plus en plus besoin de matériaux nobles en concordance avec l’homme. » On va donc très logiquement préférer la pierre ou le bois au plastique. L’habitat va ainsi se reconfigurer considérablement : « un habitat plus intelligent, plus sobre, plus efficace. » La pierre sous toutes ses formes (en l'état ou sous forme de béton, de mortier ou de plâtre) apparaîtra alors comme une réponse évidente à ces nouveaux besoins, on connaît en effet les propriétés de certaines pierres en termes d’isolation ou encore de résistance. Pour Geneviève Bouché, « on ne cherchera plus la maison cossue qui en jette mais la maison friendly. »
Geneviève Bouché lors de l'assemblée générale de l'UNICEM 2017
Les transports vont aussi évoluer. La futurologue explique que l’on va vouloir « se déplacer vite, être mobile en étant responsable. » Le travail devenant de plus en plus immatériel, de plus en plus lié au savoir, « on va aussi avoir de plus en plus besoin de se voir, de se rencontrer. » On peut beaucoup travailler de chez soi avec des outils comme Skype mais on se fixera aussi des rendez-vous notamment dans les grandes métropoles. Et pour cela, il faut des lieux de rencontre, les centres-villes vont devenir ces lieux de rencontre parce qu’ils seront très faciles à atteindre, ils auront des infrastructures d’échange de très haut niveau. » La futurologue en est convaincue, « on se déplacera de plus en plus car le numérique de peut pas remplacer complètement les déplacements physiques. » Il y aura donc toujours des routes ou encore des voies de chemin de fer mais elles seront rationnalisées pour être plus performantes, plus économiques et sans doute plus respectueuses de l’environnement. Là encore, le rôle des matériaux et de la pierre en particulier sera essentiel. On voit déjà apparaitre des enrobés intelligents ou luminescents, des bétons clairs qui restituent la lumière naturelle…
Dans les décennies à venir, l’homme utilisera mieux son propre environnement. Geneviève Bouché explique que l’on « déplacera de moins en moins la matière première. » On utilisera davantage les matériaux locaux, ceux présents et extraits dans la région. Ainsi, pour la construction d’une maison ou d’une infrastructure, on regardera du côté des carrières présentes dans un périmètre le plus raisonnable possible.
Etre en accord avec son environnement, ce sera aussi tendre à davantage d’autosuffisance. Geneviève Bouché est convaincue que le processus va s’accélérer : « on va nécessairement aller vers des structures autosuffisantes parce que c’est le sens de l’histoire. » Il s’agit de bâtiments dont les ressources propres suffisent à assurer ses besoins essentiels. « Un bâtiment autosuffisant, c’est un bâtiment qui est bien avec son environnement, qui échange avec son environnement. » Les professionnels de la pierre seront sans doute, dans cette perspective, les meilleurs conseils !