Si le soleil éclatant et les eaux turquoise de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur font sa renommée à travers la France et le monde… ils sont aussi parfois ses pires ennemis. Épisodes de sécheresse et inondations sont effectivement de plus en plus fréquents dans cette célèbre région du sud de la France. Heureusement la pierre, ce matériau ancestral, est là pour la préserver ! La Vie en Pierre vous révèle comment les matériaux de construction ne servent pas seulement les fondations de nos maisons mais jouent le rôle de gardiens de nos ressources les plus précieuses et de nos paysages menacés.
Où se baigner en PACA ? Touristes et locaux ont l’embarras du choix ! Les Gorges du Toulourenc, l’étang de Berre, le lac d’Esparron, etc. La région se caractérise en effet par une grande diversité de milieux aquatiques remarquables. Au-delà de faire le bonheur des petits et des plus grands pour se prélasser et barboter en période estivale, ils constituent une ressource en eau abondante… qui ne profite pas pour autant à l’ensemble du territoire.
C’est pourquoi la région PACA est une des rares régions à accueillir d’importants aménagements hydrauliques pour compenser ces déséquilibres naturels. Ces grands ouvrages d’art, dans lesquels la pierre et le béton tiennent une place centrale, sont indispensables pour retenir et transporter l’eau des zones alpines vers les zones déficitaires, paradoxalement les plus peuplées et en bord d’eau : à savoir le littoral méditerranéen et en particulier les métropoles de Marseille, Aix et Toulon.
C’est notamment le challenge relevé par le barrage de Sainte-Croix dans la vallée du Verdon depuis le début des années 60. Grâce à ses 55 000 m3 de béton, cette voûte à double courbure, haute de 95 mètres, peut contenir jusqu’à 760 millions de m3 d’eau. Ce lac artificiel, 3ème plus grande retenue d’eau de France, permet ainsi de subvenir aux différents besoins en eau potable sur le territoire provençal, de plus en plus densément peuplé. Il permet également de fournir de l’électricité et assurer une irrigation permanente aux agriculteurs.
Avec les autres lacs-réservoirs de béton de la région (Serre-Ponçon, Castillon, Saint-Cassien et Esparron), au total plus de 2 milliards de m3 d’eau sont stockées pour être ensuite redistribués.
L’eau ainsi réservée est ensuite véhiculée par les 5 canaux que compte la région, sur près de 500 kilomètres de construction. Le béton reste le plus couramment utilisé pour ce type d’ouvrage. En effet, sa durabilité, son étanchéité, sa résistance aux intempéries et à l'érosion en font le matériau de construction le plus pertinent. Les plus anciens canaux ont pu être construits quant à eux à base de pierres locales.
À lui seul, le célèbre canal de Provence parcourt plus de 270 kilomètres pour desservir le Pays d’Aix, le nord de Marseille, l’est de Marseille et le Var en eau potable. Soient 111 communes et environ 3 millions d’habitants. Parce que ce réseau couvre la moitié des besoins en eau de la région, la Société de Canal de Provence (SCP) prévoit 400 millions d’euros de travaux pour le renforcer, l’étendre et répondre aux déficits hydriques dans les sols. Et pour cause…
Entre les épisodes de sécheresse de plus en plus récurrents et l’Insee qui prévoit 500 à 600 000 nouveaux habitants d’ici 2030 dans cette région, les ressources actuelles en eau ne suffisent malheureusement plus. En 2021 déjà, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse estimait qu’à l’approche de l’été, la région manquait de 35 millions de m³ d’eau pour satisfaire l’ensemble des usages et assurer un débit suffisant dans les rivières.
Outre les arrêtés préfectoraux pour limiter les consommations, la Région a mis en place depuis 2018 le Plan or bleu qui vise à plus de sobriété, de solidarité et d’innovation. Les matériaux de construction vont évidemment apporter leur pierre à cet édifice ambitieux. Ils restent notamment fondamentaux pour construire et rénover les infrastructures hydrauliques mentionnées plus haut de manière durable, mais également pour créer des systèmes de drainage efficaces ou des aménagements urbains permettant à l’eau de pluie de s’infiltrer dans le sol, comme les pavés perméables à base de béton poreux ou de pierre naturelle. De quoi faciliter la recharge des nappes phréatiques et réduire les risques d’inondation, autre fléau de la région.
Pluies torrentielles, épisodes méditerranéens et cévenols : comme tant d’autres, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur connait des conditions climatiques de plus en plus difficiles, quelle que soit la saison. Ces événements intenses et soudains peuvent causer d’importantes inondations. On se souvient de celle de 2015 entre Cannes et Biot, ou encore en 2022 dans la vallée de la Roya. Si les régions alpines sont régulièrement touchées, les départements moins montagneux de la région PACA ne sont plus pour autant épargnés, soumis à des inondations dites de plaine, plus lentes, affectant les grands cours d’eau. Ainsi, l’Insee estime que 19 % de la population de cette région habite en zone potentiellement inondable, soient près d’un million d’habitants. Rendez-vous compte : cela représente plus que la population de Marseille, deuxième ville la plus peuplée de France !
Si, on l’a vu, la région manque souvent d’eau et peine à l’approvisionner sur l’ensemble du territoire, l’afflux généré par les conditions climatiques extrêmes peuvent aussi la pénaliser. Mais alors : comment gérer ce paradoxe ?
+ 25% de risques d’inondation depuis les années 1960 en région PACA. En étant capables de retenir l’eau et de lui offrir des voies parallèles de distribution comme on vient de le voir plus haut, les matériaux de construction permettent également de mieux gérer le flux de cette eau et donc d’éviter les débordements.
Barrages et digues permettent eux aussi de réguler le débit des rivières, contenir les crues et contrôler le niveau des eaux lors des fortes pluies. Ils sont généralement construits à partir de matériaux prélevés à proximité immédiate comme l’argile, le limon, le sable ou les graves, mais aussi à partir de béton, résistant et imperméable. Tout comme les canaux de déviation qui redirigent l’excès d’eau loin des zones d’habitation, vers les bassins et rivières environnants, pour protéger la population.
Souvenez-vous : en octobre 2022, le département des Alpes-Maritimes est touché de plein fouet par des pluies torrentielles et des crues brutales. Tous les yeux se tournent alors vers la Vallée de la Roya, tristement touchée. La montée des eaux de cette rivière a tout ravagé sur son passage : maisons, routes, ponts, avec des centaines de sinistrés. Une fois la sidération passée, les pouvoirs publics et les entreprises du BTP locales se mobilisent rapidement pour panser les plaies de la Vallée en commençant par protéger les berges de la Roya avec des enrochements rigides. Autrement dit mettre en place des blocs de pierre pour empêcher le débordement futur du lit de la rivière.
Une usine de béton a également pris place à Breil-sur-Roya pour reconstruire les ponts et les ouvrages hydrauliques directement sur le territoire. Pour réduire le coût, faciliter la logistique et limiter l’empreinte carbone, les matériaux provenant des glissements de terrain, des bâtiments et ouvrages d’art détruits ont été majoritairement recyclés dans les chantiers de reconstruction de la vallée.
Protéger et servir : telle est la mission des matériaux de construction dans la gestion de l’eau en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
