Depuis sa première apparition dans les anciennes cités de la Mésopotamie, le béton n’a eu de cesse de se déployer pour devenir aujourd’hui, LE matériau de construction le plus utilisé. Du ciment artificiel à la première maison française en béton armé, de nombreux inventeurs français ont inscrit leur nom dans l’histoire du bâtiment autour de la figure symbolique de Louis Vicat, inventeur du ciment artificiel. Qui sont donc ces pionniers, ces acteurs de certaines des plus grandes avancées ?
Louis-Joseph Vicat, véritable admirateur du ciment des romains, devient, en 1817, l’inventeur du ciment artificiel. Mélanger de la chaux réduite en poudre avec de l’argile et faire cuire ces deux éléments ensemble… Mais qui donc aurait imaginé cuisiner cette recette ? Monsieur Vicat bien sûr ! Et il avait raison, puisqu’après seulement quelques jours, il constata finalement que le mélange prenait bien sous l’eau ! C’est ainsi qu’il décida de développer (pour la toute première fois), la théorie de l’hydraulicité des chaux et du ciment. Lorsqu’il reçut l’autorisation par le Conseil des ponts et chaussées à employer de la chaux hydraulique artificielle, il s’empressa de mettre son « pouvoir » en œuvre et réalisa en 1822, le célèbre Pont de Souillac. Une construction qui durera plus de… 10 ans !
© https://www.vicat.fr - Louis Vicat
Très impressionné par les talents de Vicat, François Martin Lebrun, à son tour, va très rapidement s'intéresser à l'utilisation du béton. En 1831, il réalisa le nouvel Hôtel de ville de Gaillac. Il s’agit de la première application du béton à un bâtiment civil. Puis c’est en 1835 qu’il entama son projet le plus ambitieux : le temple protestant de Corbarieu (Tarn et Garonne) s’appuyant sur la théorie des chaux hydrauliques de Vicat. Il va même réussir à utiliser ce système dans la construction de la maison de son frère à Marsac ! Lebrun n’a pas été l’inventeur du béton mais il s’est battu pour son intégration dans le bâtiment...
Il reste sans doute LA personnalité brignolaise la plus célèbre, grâce à son invention qui traverse les siècles... Le ciment armé, signé Joseph-Louis Lambot ! Son souhait ? « Remplacer le bois utilisé en construction navale et partout ailleurs où il est confronté à l'humidité. » Son matériau a donc été élaboré à partir de ciment et de fer, une invention que Joseph Lambot a décidé d’appeler le « Ferciment ». Confiant, il expérimenta sa nouvelle invention en 1848 et construisit une barque en béton sur le lac de Besse-sur-Issole ! Et bien, figurez-vous que le béton… ça flotte ! Suite à cette expérience concluante, cette barque fera l’objet d’un brevet puis sera présentée à la première exposition universelle de Paris en 1855.
La célèbre barque en béton de Joseph Louis Lambot
Le ciment armé a révolutionné le monde de la construction. Il n'est pas né, comme on pourrait bien le croire, dans le cerveau d'un ingénieur diplômé, mais bien de l'expérience d'un jardinier ! De l'horticulture aux bacs à fleurs avant de découvrir ce matériau révolutionnaire… Joseph Monier est passé par plusieurs étapes avant d’inscrire son nom dans le monde du bâtiment. A son époque, il construisait des rocailles en jetant du ciment sur un grillage. Et puis un jour, il constata que ce matériau avait la capacité d’être à la fois étanche et imputrescible. Ainsi, il eut l’idée de l'utiliser à la place du bois pour les caisses à fleurs. Et c’est à partir de cette observation qu’il prit conscience de la grande résistance du ciment. Ce n’est que quelques années plus tard, qu’il réalisa différents bacs, d'abord petits puis plus grands, puis des citernes, des poutres et des ponts.
Focus sur un homme aux multiples facettes ! François Coignet, industriel lyonnais, a marqué son époque (1814-1888) mais pas que… Il a également marqué une ville entière : Saint-Denis. A l’origine du béton aggloméré, matériau novateur, il a révolutionné à tout jamais les techniques de la construction et notamment celles utilisées pour bâtir le logement social. Au croisement de son imaginaire, il nous a légué en héritage, la plus vieille maison en béton de France située rue Charles-Michels, de l’autre côté du tramway, toujours à Saint-Denis. Elle reste encore aujourd’hui une pièce maîtresse de l’histoire mondiale de l’architecture.
La plus vieille maison en béton de France située rue Charles-Michels à Saint-Denis
Après les recherches de Joseph Monier, François Hennebique à son tour, déposa ses premiers brevets pour des systèmes constructifs en béton armé. Après son premier coulage de dalle en 1879, il construisit son tout premier immeuble avec du ciment armé au n°1, rue Danton à Paris, avec l’aide de l’architecte lyonnais Edouard Arnaud, où il décidera finalement d’y installer son entreprise. Afin de démontrer les possibilités exceptionnelles de ce matériau, il l’employa par la suite pour bâtir une demeure à l’architecture originale, près de la gare RER de Bourg-la-Reine. Ses constructions s’enchaîneront ensuite les unes derrière les autres : les docks de Manchester, le tunnel de Newcastle, le stade de Lyon, la halle de Longages… De vrais chefs-d’œuvre !
L'Eglise Saint-Jean de Montmartre, LA première église en ciment armé revêtue de briques et de céramiques
Paul Cottancin, ingénieur français et représentant de l’entreprise M. J. Monier fils (entreprise générale de travaux en ciment), a déposé un premier brevet après avoir analysé, avec assiduité, les procédés de construction des Américains. Il avait remarqué qu’une armature composée d’un unique fil d’acier fin, plié et replié sur lui-même pouvait à la fois former une toile métallique dense et enrober le ciment… Incroyable non ? En 1894, l’architecte Anatole de Baudot décida de construire l’un des monuments les plus historiques de France avec le système Cottancin : C’est au pied de la butte Montmartre que le béton armé apparaît pour la première fois au grand jour dans l’art sacré. Le saviez-vous ? L’Église Saint-Jean de Montmartre est aujourd’hui LA première église en ciment armé revêtue de briques et de céramiques.