Sorti tout droit d’un conte de Charles Perrault, le Château de Val résiste au temps qui passe. Dans un cadre naturel et bucolique, on aurait presque envie d’enfiler une cotte de laine et de grimper sur un canasson pour défendre cette charmante forteresse. Grâce à un barrage construit vers 1950, le château a les pieds dans l’eau et la tête dans les nuages, rêvassant qu’un beau prince vienne délivrer sa belle endormie. Ensemble, découvrons l’histoire de ce château niché au cœur du Cantal, fait de pierres volcaniques et édifié sur un rocher de plus de 30 mètres.
Le Moyen Âge, son monde féodal, ses joutes, ses chevaliers aux armures resplendissantes, ses princesses et ses légendes. Dès que l’on aperçoit le Château de Val, toutes ces images surgissent dans notre esprit. Il faut dire que cette forteresse semble avoir inspiré les contes de fée, de La Belle aux Bois Dormant à Peau D’Âne. Composée de six tours couronnées de toits en poivrière, elle étonne par son architecture moyenâgeuse toute en rondeur.
Dressé sur un éperon rocheux de 30 mètres de hauteur, ce château a d’abord été la propriété de Guillaume IV d’Estaing au XIVème siècle. Ce seigneur, accessoirement chambellan du roi Charles VII, achète Val et décide de faire construire une forteresse. Ses descendants habitent le château jusqu’au XVIème siècle, avant que différentes familles nobles se succèdent jusqu’à la famille d’Arcy au siècle dernier. Seulement voilà, dans la France de 1939, il faut trouver des solutions pour ne plus dépendre du charbon venu du Royaume-Uni et d’Allemagne. La solution ? Créer un barrage sur la Dordogne pour fournir de l’électricité. Le hic ? Trois villages risquent d’être engloutis et le Château de Val pourrait être submergé. La famille d’Arcy décide de quitter les lieux en 1946 en emportant avec elle le mobilier.
Le Château de Val
Malgré la mobilisation des habitants, les travaux pour la construction du barrage débutent en 1942 pour s’achever 10 ans plus tard. Haut de 120 mètres avec une retenue longue de 21 km, le barrage en béton de Bort-les-Orgues allie grandeur et puissance. Il est le plus grand barrage de la vallée de la Dordogne et le quatrième plus grand barrage de France. Si trois villages sont engloutis, le Château de Val n’a finalement pas la même destinée. La hauteur de l’eau revue à la baisse, les pieds des murailles sont désormais cernés par les eaux d’un lac artificiel ! Aujourd’hui, le Château de Val est sur une presqu’île, donnant l’impression de flotter comme par enchantement.
Sur son bout d’île, la forteresse a connu de nouvelles mésaventures. D’abord laissée à l’abandon après la construction du barrage, elle a ensuite été pillée. En 1953, la ville de Bort-les-Orgues l’acquière pour lui redonner une seconde jeunesse ! Depuis, le Château de Val a vu défiler sous ses fenêtres de nombreux artistes. On se souvient de Jean Marais escaladant l’une des tours à l’aide de poignards dans une scène du film « Le Capitan ». Ou encore des silhouettes de Jean Rochefort et d’Eddy Mitchell errant aux abords des hauts murs dans l’improbable Frankenstein 90. Des peintres prestigieux ont également présenté leurs œuvres dans les salons du Château : Buffet, Carzou, Menguy, Jansem, Bouyssou, Murayama et bien d’autres.
Ce château a vu sa physionomie changer au fil des siècles. Au XIIème siècle, on note l’existence d’un simple donjon carré entouré d’une palissade. Puis le donjon prend une forme rectangulaire et s’agrémente de six tours ! En examinant ces six tours, on constate qu’elles ont servies d’assise à l’édifice d’Estaing que l’on peut observer aujourd’hui. Conçus pour résister aux envahisseurs, les pieds coniques des tours devaient permettre le rebondissement de gros boulets de pierre lâchés depuis les créneaux. Il était fortement conseillé d’éviter ces projectiles ! Quant aux matériaux de construction, ils proviennent tous de la région. Les pierres volcaniques du site ont permis d’édifier l’ensemble des murs ainsi que la toiture.
Connaissez-vous la lauze ? Cette pierre volcanique reconnaissable par sa couleur chatoyante sous les rayons du soleil recouvre depuis des siècles la toiture du Château de Val. La légende raconte qu’elle est faite pour durer cent ans… Caractéristique du Sud-Ouest et du Centre de la France, elle provient ici d’une ancienne carrière aujourd’hui remplie d’eau. À l’époque, les lauzes étaient retaillées dans des blocs de pierre pouvant aller jusqu’à 40 kilos ! Un travail de longue haleine exécuté avec un marteau forgé. Aujourd’hui, cette technique de couverture est en voie de disparition. Lourdes et coûteuses, les lauzes sont remplacées par des ardoises industrielles ou des tuiles. Pourtant, il existe encore des artisans reconnus au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO qui perpétuent l’art des lauziers. Lors de la restauration du château au siècle dernier, les toitures ont toutes été refaites dans leurs matériaux d'origine (tuiles, bardeaux de châtaignier et lauzes) grâce à une technique ancestrale.
La pierre volcanique la lauze
Ultra photogénique, le château a tout pour séduire les touristes et les amateurs d’art. Il est d’ailleurs possible de dormir dans la Suite Royale pour ceux qui rêvent encore des contes de leur enfance. Un moyen unique de profiter des espaces fleuris, des coins de verdure et de la fontaine pour se ressourcer. Des visites sont également organisées toute l’année et des concerts sont programmés dès l’arrivée des beaux jours ! Et pour ceux qui préfèrent les sensations fortes aux faits historiques, ils peuvent glisser le long d’une tyrolienne de plus d’un kilomètre au-dessus du lac avec en point de mire le château.