Un majestueux cèdre de l’Himalaya, une cascade, un théâtre de verdure ou encore un mini-golf… on en oublierait presque que le magnifique Parc des Carrières de Bacquin à l’ouest de Dijon était encore jusqu’au début des années 1930, comme son nom l’indique, une carrière ! Et pas n’importe laquelle. C’est elle qui a permis la construction de la plupart des édifices de la capitale de la Bourgogne. En effet, c’est là qu’était extraite, dès le 14e siècle, la fameuse pierre de Dijon.
Bref c’est ici, entre autres, que tout a commencé. À partir du Parc des Carrières Bacquin, découvrons plus largement l’histoire des bâtiments emblématiques dijonnais et de la pierre de Dijon à travers les siècles.
Le Parc des Carrières de Bacquin, lieu emblématique à l’ouest de Dijon, s’étend sur 5 hectares en plein cœur du quartier Montchapet. Ce vaste parc urbain est parcouru par un agréable sentier qui permet de découvrir de multiples espèces d’arbres et de fleurs. Une cascade, un théâtre de verdure et des jeux pour enfants en font le lieu idéal des promenades en famille dans la capitale bourguignonne.
Il doit son nom à l’activité principale de cet espace du 14ème au début du 20ème siècle : l’extraction de pierre au sein d’une carrière. Dès sa fermeture en 1930, son relief très particulier avait déjà donné lieu à des propositions de transformation en un vaste parc urbain. Mais il faudra attendre les années 70 et l’ingénieur horticole André Holodynski pour que le réaménagement de l’ancienne carrière voite le jour en 1976.
L’autre partie de son nom, Bacquin, est issue du nom de l’un des exploitants de la carrière au 19ème siècle.
Le Parc des Carrières de Bacquin n’est pas le seul témoin du passé géologique de la capitale bourguignonne. À de multiples endroits dans Dijon, on devine les traces de carrières, sous la végétation ou autres activités aménagées par les Hommes. En se promenant le long des sentiers qui sillonnent les versants de l’Ouche ou du lac Kir par exemple. Ailleurs, d’autres sont encore bien visibles et même protégées. À Talant notamment, la carrière Razel est un véritable lieu de découverte et de formation à ciel ouvert, tant pour les élèves de la région que pour les étudiants en géologie.
C’est dans ces lieux proches de Dijon qu’était extraite la pierre servant à construire les principaux édifices de la ville, depuis les époques gauloises et romaines jusqu’au 19ème siècle. Un calcaire très dur, facile à transformer en moellons réguliers : la pierre de Dijon.
C’est à l’ère jurassique que l’on doit remonter pour trouver l’origine de la pierre de Dijon. Elle s’est en effet formée il y a environ 165 millions d’années, sous la mer, à partir d’un sable fait de débris de coquillages et d’oolithe, ces petites billes formées par l’action des courants, accumulé sur plusieurs mètres d’épaisseur. Au fil des millénaires, ce sable s’est finalement transformé en une roche calcaire aux couleurs variées, allant du bleu pour les couches les plus profondes, au jaune, au beige ou encore au rouge pour les couches les plus proches de la surface. Cette palette de couleurs est due aux effets de l’air et de l’eau sur la roche, constituée de fer et de matière organique. De quoi rendre la pierre de Dijon si singulière et inspirante pour les architectes et les bâtisseurs de tous temps.
L’ancienne capitale des Ducs de Bourgogne se distingue par la richesse de son patrimoine allant de monuments religieux, à des bâtisses publiques ou privées. Elle est également reconnaissable par l’unité que lui donne la pierre de Dijon, grâce à ses fameuses teintes et caractéristiques uniques.
Le célèbre Palais des Ducs, ensemble architectural construit au Moyen-Âge, est une parfaite démonstration du subtil panel de teintes offert par ce matériau local. La pierre de Dijon beige a été utilisée durant toutes les phases de son édification, particulièrement celle aux teintes rosées.
En se rendant au Jardin de l’Arquebuse, on peut aussi admirer les arcades du Pavillon, parfois ocre ou bleutée. Plus loin, rue de la Chouette, l’Hôtel de Vogüé construit au 17ème siècle rassemble tous les tons chauds de la pierre locale et témoigne de l’influence de la renaissance italienne. Quant à l’église Notre-Dame, elle est le chef-d’œuvre de l’architecture gothique bourguignonne du 13ème siècle. Depuis l’extérieur, son escalier en pierre de Dijon ocre apparaît comme une hélice dorée sur le mur.
Enfin, face à l’église Notre-Dame, n’oubliez pas de lever les yeux pour admirer la chouette, emblème de la ville, issue des fameuses carrières de Bacquin. Vandalisée en 2001, elle a été restaurée avec la même pierre, extraite cette fois dans la carrière de Plombières-lès-Dijon, dernière encore en activité dans la région. C’est cette même carrière qui a servi à la restauration de la Cathédrale Sainte-Bénigne.
Si la pierre de Dijon vous appelle et que vous souhaitez admirer ces joyaux architecturaux de plus près, sachez que de nombreuses visites guidées ou documentées vous attendent dans la capitale bourguignonne !
Photo : Parc Des Carrières Bacquin ©Ville De Dijon_François Werkerle - Août 2020