Pourquoi ne construit-on pas partout sa maison avec les mêmes matériaux ?

Pourquoi ne construit-on pas partout sa maison avec les mêmes matériaux ?

Où que vous alliez à travers le monde, vous vous rendrez vite compte qu’on ne construit jamais de la même manière et surtout jamais avec les mêmes matériaux. De la maison en pierre au building de verre, en passant par la hutte en terre ou même l’igloo en glace, l’habitat est multiple sur les 5 continents. Mais d’où vient une telle diversité ? Matériaux localement disponibles, conditions climatiques, contraintes économiques, traditions culturelles… les raisons sont nombreuses. La Vie en Pierre vous emmène autour du monde pour mieux comprendre ce rapport au matériau de construction aux 4 coins de la planète…

 

Le choix du matériau ? Sûrement pas un hasard !

Faire construire une maison, c’est d’abord choisir les matériaux qui vont la constituer. Et ce choix dépend pour beaucoup de la région du globe dans laquelle on habite. Selon notre pays, différents critères entreront en ligne de compte pour choisir le matériau idéal. La question peut évidemment relever d’un critère esthétique mais ce n’est évidemment pas tout. Il y a aussi des raisons de performances énergétiques : on ne va pas avoir les mêmes besoins dans un pays comme le Togo ou le Sénégal et dans des régions comme l’Islande ou l’Alaska. Il peut en effet être plus ou moins important de conserver la chaleur ou la fraîcheur de son habitat. Aussi selon les territoires, les matériaux doivent pouvoir protéger les habitants d’une maison de différents facteurs d’ordre physique : les risques sismiques, des vents importants, une forte humidité, des chutes de neige régulières, une nature de terrain particulière. Le climat et les contraintes physiques d’un territoire sont donc essentiels pour choisir le matériau de sa maison. A tous ces critères s’ajoute aussi la disponibilité de la matière première. Ainsi, les peuples qui vivent au cœur d’une forêt auront plutôt tendance à utiliser le bois alors que les hommes qui bénéficient de la proximité d’une carrière auront plutôt intérêt à construire en pierre ou en béton. Enfin, quand on s’intéresse à l’habitat à travers le monde, on s’aperçoit qu’il existe aussi des contraintes sociétales. Elles sont liées aux traditions, à la culture d’un pays, d’une région, aux habitudes, au nomadisme aussi parfois.

 

A l’échelle de la France, une diversité déjà étonnante

Restons d’abord en France pour nous apercevoir déjà qu’à travers l’Hexagone, de très nombreux matériaux sont utilisés en fonction des différentes contraintes d’une région.

La pierre a évidemment été très utilisée sur notre territoire notamment pour sa durabilité. Avec le temps, on sait que la pierre, sous toutes ses formes, ne subit quasiment pas d’usure. Aujourd’hui, on retrouve beaucoup, dans les constructions neuves l’usage du béton, de la pierre de taille et de la brique. Le bloc béton ou parpaing, du fait de sa standardisation et de sa production simple et peu coûteuse, est à la base d’une immense majorité des maisons construites depuis la Seconde guerre mondiale. Après avoir été particulièrement utilisé dans certaines régions, le bois fait aussi son retour dans les constructions de maisons modernes.

Mais comment les Français font-ils leur choix ? Cela dépend de la région où ils habitent. En voici quelques exemples :

 

  • La pierre à l’honneur dans les maisons traditionnelles du sud et de Corse

Très vite les villages traditionnels éloignés de la côte donnent le ton : ruelles, escaliers, voûtes, maisons, tout est construit en pierre, une pierre qui constitue l’âme de ces villages. Si l’on fait un focus sur l’île de Beauté, au sud, par exemple, ce sont souvent de gros blocs de granit qui ont servi à l’édification de ces maisochalens de deux ou trois étages. L’assise des maisons les plus hautes est parfois abordée directement dans le rocher. L’escalier extérieur, lui aussi en pierre, paraît comme le reste parfaitement immuable.  Ici, c’est la disponibilité et la durabilité du matériau qui l’ont imposé. L’ensemble de la Corse, et c’est ce qu’on retrouve dans les constructions, est un véritable patchwork minéral : roches volcaniques et granites rouges du golfe de Porto, diorite vert sombre des îles Sanguinaires, falaises blanches de Bonifacio, schistes gris et roches vertes du Cap Corse. Pour les bâtisseurs, il n’y a qu’à se baisser pour trouver la matière première.

  • Les maisons normandes en brique et silex

En Normandie, vous trouverez des maisons à colombages. Dans le Pays de Caux particulièrement, depuis de nombreuses années, c’est l’association du silex, extrait des falaises, et de la brique qui s’est imposée. Cette utilisation du silex n’a pas qu’une vocation décorative, elle a permis de bâtir des maisons protégées de l’humidité de la région, imperméables à la pluie. Ce matériau, on le trouve en Haute-Normandie, sur les plateaux, mêlé à l’argile, dans la vallée de la Seine et sur la côte.

  • Les maisons bretonnes en granit

Que seraient les côtes bretonnes sans leurs maisons en granit ? Ces petites habitations en pierre taillée nous font immédiatement voyager. Ces maisons typiques, dont la pierre est associée à un toit pentu en chaume ou en ardoise, font-elles aussi partie de notre patrimoine national. Ces bâtiments sont taillés pour affronter toutes les intempéries, toutes les tempêtes. En Bretagne, même si, comme partout, l’architecture progresse avec l’apparition de nouveaux matériaux, le paysage reste le même, préservé du temps. Aujourd’hui, le granit de Bretagne est reconnu puisqu’il bénéficie d’une Indication Géographique qui protège son authenticité.

  • Le chalet en bois de Haute-Savoie

Dans les montagnes de Haute-Savoie, changement de décor. Même si la pierre est très présente, on trouve beaucoup de chalets traditionnels en bois qui peuvent résister à de fortes conditions météorologiques. Les murs peuvent d’ailleurs être en pierre et porter une structure en bois. Là encore, on utilise des matériaux locaux comme le sapin ou le mélèze. Ce choix est également le résultat d’une forte influence du voisin suisse. Même l’escalier extérieur est généralement en bois pour atteindre le balcon du niveau supérieur. Dans les vallées et les villes de la Haute-Savoie, c’est à nouveau la pierre qui domine avec des tuiles en schiste et du gneiss, une roche qui se rapproche du granit et qui protège très bien les maisons du vent, du froid et de la neige. En altitude, ils se construit encore aujourd’hui des chalets en bois pour conserver la chaleur du matériau mais souvent avec un design plus contemporain.