N’avez-vous jamais l’impression que les immeubles autour de vous poussaient comme des champignons ? La rapidité avec laquelle, sur ce bout de terrain encore vierge, un bâtiment est sorti, ne vous-a-t-elle jamais laissé sans voix ? A peine le permis de construire acté et l’immeuble sort de terre à une vitesse, presque, vertigineuse qui ferait briller les yeux des laborieux constructeurs de pyramides égyptiennes.
Comment et pourquoi construit-on plus vite aujourd’hui ? Explications.
Préfabrication en béton, un incontournable du projet Grand Paris.
Crédit : © BatiWeb
Six jours pour édifier un hôtel de quinze étages, trois semaines pour un immeuble de cinquante-sept étages, le tout grâce à une technique d’assemblage de blocs modulaires qui permet de construire trois étages par jour. Une utopie ? Absolument pas. Un petit exploit de rapidité à attribuer à nos amis chinois.
En France, bien que des essais aient été réalisés, justement en Chine avec une machine à impression 3D, la naissance d’un immeuble prend encore un peu du temps, mais de moins en moins. A partir du début des travaux, l’immeuble mettra, en moyenne, 18 mois avant d’être livré. 18 mois de construction pure, du terrassement et la livraison des clés à l’heureux acquéreur.
Autre principe de réalité, plus le programme a du succès, plus le chantier démarre vite. Dans le cadre d’un immeuble destiné à l’habitation, le promoteur devra attendre qu’au moins 30% à 50% des logements fassent l’objet d’une réservation, s’il veut obtenir les bonnes grâces du banquier. Pour une maison, le délai moyen est compris entre 9 et 12 mois de travaux, en fonction des difficultés rencontrées, des imprévus…
Le traditionnel béton s’affiche comme le mode constructif le plus opérationnel et rapide pour un immeuble. Briques, parpaings, panneaux préfabriqués, aujourd’hui, la technique du béton banché reste encore la plus courante et permet de couler en place l’ensemble du gros œuvre, structure et façades comprises.
Pour une maison, le type de matériaux et le mode constructif impactent également ce temps de construction. De manière générale, une maison dite « en kit » va être beaucoup plus rapide qu’une maison plus traditionnelle en béton qui sera d’environ un an. Une maison en bloc-auto-coffrant nécessitera de 4 à 6 mois en moyenne tout comme les maisons en ossature bois.
A Nantes, la plus grande maison construite par impression 3D en 54h.
Source : Le Télégramme
Une imprimante 3D géante capable d'imprimer des immeubles et des habitations ? Pas de réalité virtuelle, nous sommes ici dans la vraie vie, enfin toujours celle de nos amis de l'Empire du milieu. Une société chinoise a construit une villa mais surtout un « vrai » immeuble de 5 étages avec les murs en impression 3D. Cette imprimante géante de 6 mètres de haut, 10 mètres de large et 40 mètres de longueur a utilisé en guise d'encre, du béton capable de supporter, à chaque fois, les couches supérieures. Un béton composé de « déchets industriels, de ciment à prise rapide et d'un agent solidifiant », indique Industrie-techno. Dubaï a récidivé en 2016 avec « l’impression 3D » de 250 m² de bureau.
Chez nous, en Auvergne Rhône-Alpes, à moindre échelle certes, le numérique accélère le mouvement avec l’utilisation croissante de la maquette numérique, plus connue sous le nom de BIM, comprendre Building Information Modeling. Ce logiciel partagé, contenant des données intelligentes, permet de modéliser les informations du bâtiment et intègre l’ensemble de ses caractéristiques techniques.
Le BIM réinvente, à lui tout seul, la manière de construire en créant un véritable clone du futur projet avant même le terrassement commencé. Avec la mise en perspective en 3D de la future construction, les analyses-contrôles-visualisation sont effectuées bien plus tôt dans l'étude d'un projet. La détection précoce des problèmes se fait donc avant la mise en chantier. On gagne du temps. Et, comme dit l’adage, le temps c’est de l’argent et certains coûts sont, de fait, limités. Avec la maquette numérique, on construit, on réhabilite plus vite et on rationnalise les chantiers et leurs flux plus efficacement.
Si l’élément déclencheur du premier coup de pelle reste bien évidemment l’obtention du permis de construire, délivré par le maire de la commune, le bâtiment a déjà, la plupart du temps, une longue histoire. Un vécu, souvent plus long que nécessaire, mais qui permet aux autorités d’appréhender le projet dans toute sa complexité et d’écarter les recours. Un délai qui constitue aussi l’occasion de préciser, en direct avec le promoteur, de nombreux points de détail : la couleur des volets, la largeur des balcons ou le revêtement de la façade peuvent avoir toute leur importance si la ville ou le quartier sont soumis à des critères particuliers d’urbanisme.
Côté maison individuelle, le temps des « plans » sera aussi la première étape et peut prendre un à trois mois. Le permis devra ensuite être déposé en mairie. Temps d’attente de validation : deux mois. Et enfin, s’ajoute un délai de deux mois durant lequel toute personne souhaitant s’opposer au projet, pourra le faire.
Immeubles ou maisons, pour pouvoir être définitivement validé, le permis de construire devra être purgé de tout recours. Et des recours, il peut y en avoir.
« Entre les concertations, les oppositions et les procédures, il faut parfois quatre ans pour lancer un projet. C’est trop long. » souligne Vincent Albaric, Président de L'Union régionale des économistes de la construction.
Entrée en vigueur le 1er janvier 2019, la loi ELAN a remodelé certaines règles de fonds de la construction avec une préoccupation majeure : diminuer les contraintes et accélérer les constructions pour répondre avec efficacité à un besoin de logements.
Le leitmotiv assumé de cette loi : Construire plus, mieux et moins cher. Mais comment ? Pour faire simple, le foncier, public et privé, sera mobilisé pour réaliser des opérations d'aménagement et de construction. Plusieurs textes d'application concernent aussi l'instruction des permis de construire, en particulier sa dématérialisation et la transmission de certaines données entre administrations.
Objectif : des procédures moins longues et donc, plus de réactivité. Toujours dans cette même optique, la sanction des recours abusifs est facilitée. Dématérialisation des permis de construire, assouplissement des normes et accès au logement facilité sont autant d’autres points qui font de cette loi, une véritable alliée de la construction.
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