Les maîtres français modernes de la construction : 20e et 21e siècles

Les maîtres français modernes de la construction : 20e et 21e siècles

Les façades des habitations évoluent, la ville évolue, les tendances évoluent... Une architecture nouvelle émerge en rapport avec l’évolution d’une société plus urbaine, moins académique et plus ouverte. Le patrimoine bâti entre le XXe et le XXIe siècle, plus particulièrement celui construit après 1945, constitue une part majeure du tissu de nos villes… À travers l’architecture menée collectivement par des architectes, des ingénieurs, des urbanistes, des mécènes… de nouvelles constructions emblématiques ont vu (et voient encore !) le jour… Zoom sur certains architectes renommés de l’époque.

 

Auguste Perret, l’architecte de la reconstruction

Petit-fils d’un carrier et fils d’un tailleur de pierre, Auguste Perret est l'un des architectes les plus importants du XXème siècle. Il a été le premier à utiliser le béton armé dans ses constructions. Il est encore célèbre au Havre, car c’est l’architecte qui a permis à la ville de se reconstruire rapidement après la Seconde Guerre mondiale, et qui lui vaut d’être classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les œuvres d’Auguste Perret sont aujourd’hui partout dans la ville, à commencer par l’Hôtel de Ville qui est monumental... Cet architecte a également eu l’occasion d’imposer son style en construisant le Théâtre des Champs-Elysées en 1913. Une construction qui amènera la gloire à Auguste Perret, qui deviendra, avant Le Corbusier, l’un des fondateurs de l’architecture moderne française.
 


Le théâtre des Champs-Elysées, construit en béton armé
 

François Le Cœur, le précurseur de Perret

Adepte de l’utilisation du béton armé, François Le Cœur est aujourd’hui classé parmi les architectes rationalistes français. Entre 1897-1900, il s’est formé simultanément auprès de 3 architectes importants de son époque : Léon Bénouville, Anatole de Baudot, et son père, Charles Le Cœur. Dès les années 1910, après un détour (apparemment, peu concluant…) par le ciment armé du système Cottancin, il décida de privilégier le béton armé, étant fasciné par son aspect esthétique en façade des immeubles. L’apparence rustique de son central téléphonique de la rue du Temple (1923) ou du mur nu, rose et lisse du lycée Camille-Sée en sont des exemples remarquables... Mais nous pouvons également noter l’admirable Hôtel des postes de Reims, qui introduisit le béton en façade « made in » François Le Cœur.
 

Jean Nouvel, la star du XXIe siècle !

C’est un nom et une marque, qui est connu dans le monde entier. Jean Nouvel, lotois d’origine et diplômé de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 1972, a rapidement su imposer sa vision très contemporaine de l’architecture pour se voir confier certains des bâtiments les plus emblématiques des dernières décennies, notamment la Fondation Cartier ou au Musée du Quai Branly à Paris. Il décida ensuite de s’atteler à un tout autre genre de projets, la réhabilitation de bâtiments anciens : l’exemple de l’Opéra de Lyon en témoigne ! Autre forme de consécration, c’est lui qui fût choisi pour dessiner le tout nouveau Musée du Louvre à Abu Dhabi aux Emirats. Symbole de l’exportation du savoir-faire français à l’international.




L'intérieur du Musée du Louvre à Abu Dhabi aux Emirats
 

Emile Dubuisson, et son admirable Hôtel de Ville Lillois

Fils d’architecte, père d’architecte, grand père de designer (ah ça change !) et arrière-grand père d’architecte (ah, on y revient…), Emile Dubuisson est un architecte français né en 1947. Son diplôme du gouvernement en poche, il devient professeur d’Art décoratif à l’École des Beaux-Arts de Lille mais également à l’École régionale d’architecture de Lille. L’Hôtel de Ville ayant été détruit par un incendie pendant la Première Guerre Mondiale, Emile fut motivé à en construire un nouveau, qui deviendrait alors, un symbole pour la ville. Le maire de l’époque, Gustave Delory, voulait « un palais pour le peuple » : Un concours d’idées est lancé par la municipalité en 1920, concours remporté par Emile Dubuisson. Le chantier débutera en 1924 et s’achèvera par l’inauguration du Beffroi en 1932. Toujours dans ce même esprit art déco, ce grand monsieur dessinera par la suite, des piscines municipales, des maisons particulières et des bains publics.
 

Christian de Portzamparc, prix Nobel d’architecture

Depuis près de 40 ans, Christian de Portzamparc, architecte et urbaniste français du XXIe siècle, a bâti aux 4 coins de la planète… Les points communs entre ses réalisations ? Leur inspiration d’une vision de l’architecture comme art du mieux vivre ensemble ! Des conceptions qui lui valent d’être le seul architecte français à avoir reçu la plus haute distinction de l’architecture (équivalent du prix Nobel) : le Pfitzner Prize. L’une de ses créations emblématiques, la « Cidade das Artes » à Rio, est à l’origine de sa passion pour la musique. Elle a été imaginée comme une petite ville combinant une grande variété de lieux culturels : plusieurs salles de concert, de cinéma, des studios de danse, des salles de répétition… Et s’il n’est pas à Nanterre ou à New-York, on passe son temps à Casablanca, sa ville natale. Il y construira la « Casart », une salle de spectacle polyvalente qui sera le plus grand théâtre d’Afrique…

 

La Tour One57 à New-York, dessinée par l'architecte français, Christian de Portzamparc
 

Eugène Freyssinet, père du béton précontraint

Ce Corrézien, ingénieur de métier, est le père du béton « précontraint ». Jugeant le béton armé limité, Eugène ne cherche non pas à l’améliorer mais à le remplacer par un système de construction différent. En explorant le béton sous toutes ses formes et en l’utilisant dans de nombreuses réalisations ayant aujourd’hui, construit sa renommée, l’ingénieur n’a qu’une idée en tête : développer la résistance du béton aux charges. En 1928, il déposa, avec son associé, un brevet sur le béton précontraint. Son principe ? : 

« Créer une compression initiale suffisante pour que le béton reste entièrement comprimé sous les sollicitations ; ainsi toute la section du béton participe à la résistance. »

Dans les années 1920, il participa à la construction du pont Albert-Louppe à Plougastel Daoulas (29) et en 1933 il consolida la gare maritime du Havre, qui menaçait de s'effondrer à l’époque. Et encore bien d’autres réalisations, mais la liste serait trop longue…
 

Charles-Édouard Jeanneret-Gris, dît « Le Corbusier »

Plus qu’un simple architecte, Charles- Edouard Jeanneret-Gris, alias « Le Corbusier » (1887-1965), est considéré comme l’un des principaux représentants de l’architecture moderne. Il a utilisé des matériaux bruts, comme le verre et le fer, mais sa spécificité est son choix d’un matériau innovateur : le béton armé ! (et oui, encore un qui a été séduit par ce matériau incroyable !) C’est à partir de 1920 qu’il commencera à réaliser un grand nombre de villas modernes avant de se tourner vers l’urbanisme à la suite de la crise de 1929. Il va ensuite, et ce, jusqu’à la fin de sa vie, parcourir le monde afin de mettre en pratique ses idées sur la « ville nouvelle », révolutionnant les conventions en matière d’architecture et de design. Parmi ses monuments les plus connus nous pouvons citer : la Villa Savoye à Poissy (78), la cité radieuse à Marseille (13) ou encore le couvent de La Tourette à Eveux (69).
 


Le Couvent de la Tourette à Eveux (69)
 

Rudy Ricciotti, l’architecte de combat

Brillant homme de combat et forte tête à la fois, Rudy Ricciotti ne craint pas de bousculer sa profession en démolissant le minimalisme, les normes et les écoquartiers. Il imposa son style architectural à la fois lyrique, virtuose et radical dans de nombreuses réalisations parmi lesquelles nous pouvons citer l’immense cube en « béton fibré » posé sur le port de Marseille, le MUCEM (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée). Tout comme ses propos radicaux, aucune de ses créations passe inaperçue : à Menton, le Musée Cocteau ou la « pieuvre géante aux mille tentacules », à Aix-en-Provence, un Centre National Chorégraphique prisonnier d’un maillage en béton et à Paris, un immeuble enrobé de bambou tressé, surnommé « le nid ». Que l’on adhère ou pas, l’architecture peut en impressionner plus d’un de par son originalité formelle et par la puissance avec laquelle s’exprime sa technicité. En 2018, il présenta son tout nouveau projet : l’immeuble en "jeans empilés" à Nîmes. Cet homme n’a pas fini de nous surprendre…

 


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