Pourquoi les tours et les buildings sont-ils toujours en verre ?

Pourquoi les tours et les buildings sont-ils toujours en verre ?

Lorsque l’on pense tour, building ou gratte-ciel, une seule image nous vient à l’esprit, celle d’un bâtiment élancé qui reflète le ciel et le soleil sur son enveloppe aux allures de miroir. Et oui car le verre, ce matériau issu (lui aussi !) de la pierre, est devenu la star des architectures les plus spectaculaires. Pourtant son histoire accompagne l’homme depuis 5 millénaires, et bénéficiant des progrès de la recherche, il est plus que jamais dans la modernité en devenant actif, intelligent ou auto-nettoyant…

 

A l’origine du verre, la pierre…

« C’est le vitrage qui a fait le plus de progrès dans l’évolution du bâtiment. De la vitre vient la lumière, demain elle offrira le chauffage, l’éclairage et certainement la communication… »

Par ces mots, Baudouin de Chassey en charge de la prescription chez Glassolutions du groupe Saint-Gobain, trace l’avenir d’un matériau qui, pourtant, né du sable et du feu, est l’un des plus anciennement utilisé par l'homme. On a ainsi retrouvé dans l’ancienne Mésopotamie des fragments de verre datant de près de 5 000 ans. Et la généralisation dans l’art de ce matériau est datée de 2500 avant notre ère sous formes notamment de perles égyptiennes. La recette du verre est donc bien connue et elle a finalement peu évolué.

Son élément central reste le sable provenant des carrières. Il est mélangé avec de la soude et de la chaux et chauffé à 1 600 degrés. Ce liquide en fusion devient alors malléable et permet de lui donner la forme souhaitée avant qu’il ne refroidisse et obtienne son rendu définitif, ainsi que sa transparence. Visiter une verrerie et voir à l’œuvre les souffleurs de verre est d’ailleurs un spectacle magnifique. Une belle idée de sortie, d’autant que la région Auvergne-Rhône-Alpes se classe aujourd’hui au troisième rang français de cette industrie. Elle abrite même la plus ancienne verrerie à souffler du verre de l'Hexagone : la verrerie de Saint-Just.

 


Baudouin De Chassey, prescripteur Sud Est France chez Saint-Gobain 

 

L’apparition des fenêtres en verre au 14e siècle

Alors revenons à notre question principale, comment ce matériau a-t-il conquis le monde du bâtiment ? Et bien, c’est évidemment l’apparition des fenêtres dans les bâtisses à partir du 12e siècle et la volonté des hommes de l’époque de voir l’extérieur tout en étant protégés, qui a poussé l’architecture à s’intéresser au verre. Avant lui, les vitres de la fenêtre étaient translucides et constituées de parchemin, de toile huilée ou de mica. Ça n’est qu’au 14e siècle que le verre ou le cristal firent leur apparition offrant aux ouvertures (encore très étroites à l’époque) la transparence.

Jusqu’à nos jours, la conception des bâtiments n’a cessé d’évoluer, mais en gardant toujours cette volonté de garantir un cocon protecteur pour les occupants tout en leur proposant une ouverture, la plus large possible, sur le monde.

« L’évolution des immeubles de bureaux est un bel exemple des tendances de notre époque et de ce qu’a apporté le verre », éclaire Baudouin de Chassey.

Ces bâtiments ont bien changé depuis la crise pétrolière des années 70. A l’époque, la construction des murs était majoritairement en béton et il y avait beaucoup moins de vitrages. Les personnes travaillaient de manière plus cloisonnée, sans trop de vision sur l’extérieur. Aujourd’hui, l’envie, qui est même un besoin, est de travailler dans la clarté. » Car c’est un fait établi, l’exposition à la lumière du jour influence notre moral et notre rendement.

 


Projet du TGI - Tribunal de Grande Instance de Paris - Projet suivi par Glassolutions Saint-Gobain  

 

Modèle des buildings : structure acier, plateaux béton et enveloppe en verre

Si le vitrage en verre est le témoin de nos humeurs, il a été aussi l’un des acteurs principaux d’une révolution dans l’urbanisme au tournant du 19e et du 20e siècle. Au moment de la forte croissance économique des Etats-Unis, il a permis aux architectes de donner naissance aux premiers grands immeubles, d’abord à New-York et Chicago. Par manque de place et pour contourner les prix du foncier, une course en altitude fut engagée pour donner un bureau aux centaines de milliers de nouveaux workers.

En 1888, le nom de skyscraper ou gratte-ciel, fut attribué à ces tours. L'Empire State Building de Manhattan, ses 381m de haut, ses milliers de tonnes de béton et d’acier, et son style art déco en fut l’emblème. Avec ses 6 400 fenêtres, il a établi aussi les règles de vie et de style de ces mastodontes de la construction. Car des tours jumelles du World Trade Center (qui lui ravirent en 1973 le titre du plus haut building de New-York avant de subir les attaques terroristes) à aujourd’hui le Burj Khalifa de Dubaï, la plus haute tour du monde et ses 828 m, le modèle est toujours le même : une structure porteuse réalisée en poutres d’acier, des plateaux en béton pour les étages et le verre des vitres pour envelopper l’édifice. Un mode constructif qui permet d’aménager à l’envi l’intérieur. Il y abrite la plupart du temps, appartements et hôtels de luxe, bureaux et sièges des plus grands groupes mondiaux. Car une tour majestueuse, architecturalement iconique, est aussi une image et même le signe extérieur de l’ambition d’une entreprise. Et le verre reflétant le ciel est une allégorie à un avenir sans limite…

 


Le Burj Khalifa de Dubaï, la plus haute tour du monde et ses 828m   

 

Le verre du futur sera connecté et actif

Alors le marché est ultra porteur car partout dans le monde on imagine, on conçoit et on fait sortir de terre de nouveaux buildings, des plus ordinaires aux plus extravagants. Ainsi la tour Burj Khalifa et ses 142 000 m² de verre, abandonnera bientôt son titre de plus haut ouvrage au monde à la future Jeddah Tower. Un gratte-ciel en construction à Djeddah, en Arabie saoudite, qui devrait dépasser le kilomètre vertical : 1 001 m !

En France, les projets sont moins pharaoniques, mais Paris ou Lyon prévoient encore de développer leurs quartiers d’affaires de la Défense et de la Part-Dieu. Forts de cet engouement, les groupes spécialistes du vitrage rivalisent d’ingéniosité pour faire progresser leurs produits. Si la recette à base du sable des carrières reste centrale, la recherche et développement y intègre des performances et des technologies nouvelles qui dépassent largement la simple fonction de transparence. Les nouveaux vitrages sont ultrarésistants, isolants ou régulants.

« Mais le verre de demain ira encore plus loin, il sera aussi un vitrage connecté et actif ! Nous aurons notamment un vitrage qui protège de l’intimité, passant de l’état transparent à l’état opalescent. Il y aura également le vitrage chauffant qui permettra de (ré)chauffer l’intérieur d’une pièce. Et enfin, le vitrage électro-chrome, un vitrage qui se teinte de manière active en passant d’un état transparent à un état bleu foncé et qui pourra protéger progressivement les personnes travaillant dans les bureaux de la chaleur et de l’éblouissement », ajoute Baudouin de Chassey.

On parle aussi de possibilités multifonctionnelles, c’est-à-dire de verres à la fois techniques et décoratifs. Ils seront courbes, connectés pouvant servir d’écran multimédia, pare-flammes.

 


Les entreprises de nettoyage de vitres et de travaux sur cordes 

 

Et niveau nettoyage, comment ça se passe ?

Auto-nettoyant ?! Cela veut dire que ceux qui travaillent, disons au 7e étage d’un immeuble de bureaux vitré, seront privés de cet instant d’angoisse ? Vous savez ce sursaut au moment où, brusquement, ils voient apparaître à l’extérieur une main armée d’une raclette qui réalise un zigzag autoritaire. La surprise passée, ils appellent leur(s) collègue(s) pour faire ensemble, hilares, un grand coucou à l’alpiniste descendant en rappel. Celui-ci se sentira obligé de répondre alors qu’à tous les étages précédents, il a déjà assisté à la même scène…

Et bien non, que les entreprises de nettoyage de vitres et de travaux sur cordes se rassurent, leur corporation n’est pas (encore) menacée. Mais des progrès sont réalisés également dans la fabrication des verres pour qu’ils résistent mieux à l’encrassement.

« Avec les verres autonettoyants, nous offrons effectivement la possibilité de rajouter un traitement qui réduit le besoin de nettoyage. Cette fonction du vitrage est rapportée à la surface extérieure du bâtiment et permet de décomposer la saleté au moment où elle se dépose sur la vitre », explique le responsable de prescription chez Glassolutions.

Un atout de plus pour ce matériau qui n’a pas fini de progresser. Mais sans doute une nouvelle moins heureuse pour les ornithophiles (les oiseaux ne voient pas le verre comme un obstacle) et aussi pour les plus étourdis ou les plus fonceurs d’entre nous… Mais qui n’a jamais vécu cette inoubliable expérience d’« embrasser » une magnifique baie vitrée !

 


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