Depuis 1982, l’association Les Plus Beaux Villages de France distingue les communes de l’Hexagone qui se démarquent par leur notoriété, leur développement et bien sûr, la qualité de leur patrimoine. Et qui dit patrimoine dit nécessairement vieilles pierres. Des pierres qui ont traversé les siècles et qui permettent aujourd’hui encore à ces villages d’attirer la lumière et les visiteurs. En Auvergne-Rhône-Alpes, on ne dénombre pas moins de 24 des plus beaux villages de France. La Vie en Pierre vous propose la sélection de ses 10 sites préférés !
Pérouges, c’est ce petit village qui, du haut de sa colline, domine la plaine du Rhône à une trentaine de kilomètres de Lyon. Connu aussi pour sa savoureuse galette au sucre, il fut plusieurs fois assiégé au cours de son histoire. Aujourd’hui, la cité médiévale a su conserver un patrimoine exceptionnel avec, en plus de son église-forteresse remarquable, plus de 80 bâtisses protégées.
Pour ce qui est de la pierre, elle est partout. Ce sont d’abord, dans les rues et ruelles, tous ces galets bombés et polis par les pas des visiteurs. D’où viennent-ils ? Ces galets de l’ère glaciaire proviennent des plages de l’Ain, la rivière qui coule en contre-bas. C’est pour cela qu’on les retrouve autant dans toute l’architecture locale de cette ancienne cité de tisserands.
Pérouges, ce sont aussi toutes ces petites maisons habillées de pierres et parées de briques. Disposées concentriquement autour de la place du Tilleul, les maisons sont souvent des maisons de vignerons à escalier en façade. D’autres plus cossues sont à encorbellement et pans de bois. Toutes ont été construites avec des matériaux divers : pierre calcaire, tuf, galets, carrons, briques, terre et bois. Les traces du passé médiéval sont nombreuses : la porte d’En-Haut par laquelle on pénètre dans la cité et qui donne accès l’église-forteresse du 15ème siècle, l’ancien tracé des remparts qui donne sa forme elliptique à Pérouges, la porte d’En-Bas qui offre un très beau panorama sur Meximieux et la vallée de l’Ain, l’Hostellerie du Vieux-Pérouges et ses pans de bois du 12ème siècle.
Le saviez-vous ? De nombreux films ont été tournés à Pérouges, comme Angélique, Marquise des Anges (1964) ou encore Les Trois Mousquetaires (1961).
Au cœur du Pays des Pierres Dorées, à une trentaine de kilomètres de Lyon, Oingt est un village perché qui offre une vue magnifique sur la vallée de l’Azergues et les vignes du Beaujolais. C’est au Moyen-Âge qu’il a connu son apogée avec les seigneurs Guichard d’Oingt. De ce passé médiéval, le village a conservé l’ancienne chapelle du château, la porte fortifiée de Nizy, qui est le seul vestige du rempart qui protégeait la ville au 13ème siècle, et une tour-donjon qui réserve à ses visiteurs un panorama à couper le souffle. Passée la porte de Nizy, on emprunte des rues aux noms très évocateurs comme « Tyre-laine », « Coupe-jarret » ou bien « Traine-cul ».
Au cœur du village, les maisons aux façades jaunes ocre - la couleur des pierres dorées - accueillent de nombreux artistes et artisans d’art. Toutes les maisons semblent rayonner à l’unisson avec cette même roche de calcaire ocre. Depuis quelques décennies, ce patrimoine aux très vielles pierres dorées est particulièrement bien restauré. A cela s’ajoute tout le petit patrimoine des murs, puits et cadoles construits en pierres sèches.
Mais si à Oingt les pierres occupent le devant de la scène, il ne faut pas pour autant oublier le paysage de vigne qui assure lui aussi un magnifique spectacle. Oingt est aujourd’hui le seul village du Rhône à figurer parmi les Plus Beaux Villages de France.
Le saviez-vous ? Le village organise chaque année le Festival international d’orgues de Barbarie et de musique mécanique.
Direction la Haute-Maurienne Vanoise pour découvrir l’authentique village de Bonneval-sur-Arc. Entre les parcs nationaux de la Vanoise et du Grand Paradis, il baigne dans une atmosphère de haute montagne et de nature sauvage et préservée. Au pied du col de l’Iseran, à 2764 mètres d’altitude, la station-village attire à la fois les grimpeurs et les randonneurs qui souhaitent se ressourcer.
Bonneval-sur-Arc est remarquable aussi par ses chalets traditionnels bâtis de pierres de taille et coiffés de toits à deux pans en lauzes. Ces lourdes lauzes sont supportées par de solides charpentes de mélèzes. Les pierres de taille, sobres et austères, liées par la chaux, encadrent des fenêtres souvent étroites et verticales, sans volet. Les murs peuvent atteindre 80 cm d’épaisseur. La maison de pierre aux toits de lauzes est le modèle le plus adapté pour résister au froid, au risque d’incendie et au poids de la neige.
L’Écot est le hameau incontournable de Bonneval, un lieu coupé du temps et ouvert sur un très beau panorama. Le village apparaît là comme le dernier témoin de l’habitat montagnard authentique. Plusieurs maisons y ont été rénovées ces dernières années toute comme sa chapelle Sainte-Marguerite du 12ème siècle.
Le saviez-vous ? Le village de Bonneval-sur-Arc compte pas moins de 12 monuments classés : oratoires, chapelles et vieux ponts de pierre.
Seuls 320 habitants ont la chance d’habiter le beau village de Charroux qui domine plaines et vallées alentours à 413 mètres d’altitude. De ce petit village de l’Allier, situé à une trentaine de kilomètres à l’Ouest de Vichy, on surplombe la plaine de la Limagne au Nord et les monts d’Auvergne au Sud. Si vous allez le visiter, vous pourrez admirer son église du 12ème siècle, son musée consacré à la vie et à l’histoire du village mais aussi ses vieilles rues pavées, ses puits, la tour de l’Horloge, la Porte d’Orient, la Maison du Prince de Condé ou encore la Cour des Dames.
Dans le village, le Belvédère est un bel exemple du réemploi de la pierre : en 1848, il fût construit avec des pierres provenant de l’ancienne église Saint-Sébastien ! Au Moyen-Âge, le village de Charroux fût un important carrefour d’échanges. On retrouve aujourd’hui cette effervescence dans le nom des rues : rues de la Poulaillerie, de la Corderie, des tanneurs, des fours à chaux… Et Charroux conserve aussi de cette époque médiévale de très belles façades en pierre sculptée du 15ème au 18ème siècle, ou encore une maison à pans de bois et encorbellement du 14ème siècle, mais également un nombre exceptionnel de puits en pierre. Charroux est le seul village de l’Allier à posséder le label Plus Beaux Villages de France dans le département.
Le saviez-vous ? Charroux est réputé pour son huilerie-moutarderie. Vous retrouverez peut-être sur une grande table de chef cette moutarde obtenue par le mélange de graines de moutarde avec du vinaigre, du vin blanc de Saint-Pourçain et un cépage local appelé « Tressalier ».
Face à la chaîne des Puys, aux monts Dore et au plateau du Cézallier, le village d’Usson est comme accroché à un piton volcanique. Avec ses maisons vigneronnes de pierre noire, la pierre volcanique, Usson est dominé par un château qui fût pendant 19 ans le lieu d’exil de la Reine Margot au 16ème siècle. Le lieu fût choisi à l’époque parce que la forteresse d’Usson était réputée pour être « la plus forte place du royaume » avec ses 20 tours et ses 3 enceintes.
Lorsqu’on est à Usson, il est aussi intéressant d’emprunter le sentier qui court vers le sommet au sud de l’église romane Saint-Maurice et de la chapelle de la reine. Il mène aux fameux orgues basaltiques du village. Ces orgues sont d’origine volcanique. La lave, en refroidissant a pris la forme de tuyaux d’orgue, des sortes de colonnes hexagonales. C’est cette même roche angulaire qui a servi à la construction du château mais aussi à des habitations du village. Ce basalte, moins célèbre que sa voisine, la pierre de Volvic, n’en a pas moins de grandes qualités : une pierre noble et très solide, souvent utilisée pour le chaînage d’angle des maisons. La pierre d’Usson ne se taille pas mais sa forme naturelle s’adapte parfaitement au montage des bâtiments.
A cette pierre noire, se mêle aussi des moellons plus clairs et un peu sablonneux, l’arkose, un sable consolidé qui a donné une roche très dure. A Usson, une chose est sûre, patrimoine et géologie ne font qu’un !
Le saviez-vous ? La Reine Margot a su apprécier l’âme si particulière d’Usson : « J'aimerais que vous imaginiez alors la citadelle d'Usson, de pierre noire et froide surgie d'un Moyen-Age tumultueux et violent, une sorte de phare d'Alexandrie en contrepoint, un symbole si contraire aux aspirations spirituelles de la cour. »
Taillée en pleine lave, la cité moyenâgeuse et montagnarde de Salers offre un véritable voyage dans le temps avec ses maisons à tourelles, son beffroi ou encore ses remparts. C’est pendant la Guerre de Cent ans que la ville s’était fortifiée pour se protéger des attaques des Anglais mais aussi des brigands. Parmi les éléments d’architecture à ne pas manquer, il y a la statue de Tyssandier d’Escous, rénovateur de la race bovine Salers, mais aussi bien sûr l’église plusieurs fois remaniée au 16ème et 19ème siècle et qui abrite une mise au tombeau du 15ème siècle.
Quant au paysage qui entoure Salers, il est exceptionnel : de grands espaces, des volcans, des crêtes, des lacs et des forêts où vivent une faune et une flore très diverses. Salers s’intègre dans un appareil volcanique complexe, plus précisément sur un plateau basaltique de forme triangulaire, la planèze de Salers. On sait que la ville haute est construite sur une intrusion de roche volcanique qu’on appelle l’ankaramite. Aujourd’hui, le village de Salers, bâti tout en pierre volcanique avec des toits de lauze, offre une très belle harmonie minérale. Les bâtiments publics sont ainsi édifiés en pierre volcanique noire, typique de cette région. Et chaque ruelle abrite encore de très anciennes demeures en parfait état de conservation.
Le saviez-vous ? Le village détient pas moins de 4 productions locales ou spécialités portant son nom : l’appellation officielle « race bovine Salers », le fromage au lait cru Salers AOP, le biscuit pur beurre à pâte sablée appelé « Carré de Salers », la liqueur apéritif Salers au goût doux amer préparée à base de racines de gentiane.
Le village de Polignac, construit à environ 5 kilomètres du Puy-en-Velay, rassemble un très riche patrimoine : l’église et sa nef et ses célèbres fresques du 12ème siècle, de nombreux fours à pain, fontaines ou croix à découvrir au fil de votre balade. Mais s’il est un point d’intérêt qui mérite le détour, c’est évidemment la forteresse de Polignac.
Ce château qui a vu naître la Maison de Polignac est classé Monument historique depuis 1840. Il est installé sur une plateforme volcanique qui s’étend sur près de 3 hectares. Avec ses pentes escarpées, ce rocher volcanique constitue un socle idéal pour dominer tout un territoire et se défendre contre d’éventuelles attaques. Si vous montez en haut de son donjon de 32 mètres, vous pourrez profiter d’un panorama exceptionnel sur le bassin du Puy, les Monts du Velay, les massifs du Meygal et du Mézenc. A la fois place militaire et véritable lieu de la vie quotidienne, la forteresse de Polignac pouvait accueillir plus de 1000 personnes.
Le rocher sur lequel est construite la forteresse résulte de la rencontre entre l’eau qui recouvrait le bassin du Puy-en-Velay il y a 3 millions d’années, et de la lave issue des éruptions volcaniques. La pierre qui constitue ce piton rocheux était un matériau facile à tailler, d’où l’établissement de la forteresse à cet endroit.
Le saviez-vous ? C’est Prosper Mérimée, l’auteur de « Carmen » qui inspira Georges Bizet pour l’opéra du même nom, qui a classé la Forteresse de Polignac comme monument historique, en 1840. En plus d’être un auteur renommé, Prosper Mérimée a également œuvré en tant qu’inspecteur des Monuments historiques.
Le village est implanté aux portes de la Drôme à mi-distance de Grenoble et Valence. Cet incontournable village médiéval est inscrit aux Monuments historiques depuis 1840. Il a conservé au fil des siècles de riches témoignages du patrimoine : bâtiments conventuels, Professoir, Porterie, halle, ruelles, etc. Son église abbatiale, joyau de l’architecture gothique, est évidemment son point d’intérêt majeur avec des voûtes de 22 mètres qui donnent le vertige et de magnifiques vitraux qui laissent entrer la lumière.
Quant au village, il conserve son architecture médiévale avec des maisons en torchis, galets et molasse, ainsi que des ruelles entièrement pavées de galets. En haut du bourg, d’élégantes maisons sont remarquables par leurs façades percées de fenêtres à meneaux qui contrastent avec les maisons à colombage plus modestes. De nombreux bâtiments ont été très bien restaurés. On peut évidemment noter la restauration du parvis de l’église qui associe techniques anciennes et techniques plus contemporaines : béton sablé poché avec pose de galets demi-sciés et galets pleins.
Le saviez-vous ? A Saint-Antoine-de-L’Abbaye, l’atelier des Bons Oeuvriers propose la visite de son atelier de taille de pierre avec une démonstration de taille.
Très souvent, l’histoire de Grignan se confond avec celle de son château. Cette ancienne forteresse était en effet devenue au 16ème siècle le plus grand château de la Renaissance du Sud-Est. Sa renommée est évidemment venue de la présence de Madame de Sévigné et de sa fille, la comtesse de Grignan, mais aussi de la puissance de la famille Adhémar. Le village est resté abrité à l’intérieur de ses murailles jusqu’à la toute fin du 15ème siècle.
Aujourd’hui, cette petite cité médiévale épouse toujours le contour du promontoire rocheux de 33 mètres sur lequel siège le château. Pour y accéder depuis le village, il faut emprunter de petites ruelles escarpées. Depuis son édification au 11ème siècle jusqu’à nos jours, le château de Grignan a été maintes fois détruits et reconstruits au gré des événements de l’histoire. C’est grâce à la pierre locale qu’il a pu à chaque fois renaître pour arriver jusqu’à nous. Des carrières de pierre de taille, dans le Rouvergue, ont en effet alimenté les différents chantiers. Ces carrières de calcaire à ciel ouvert ont aussi servi à ériger les nombreux murets de pierre sèche en mollasse que l’on retrouve dans la région et dans le village de Grignan.
Le saviez-vous ? Après la Révolution française, alors que le château de Grignan n’était plus qu’une ruine, le lieu est devenu une carrière pour la construction des maisons du village.
Le village surplombe la rivière Ardèche. Accroché aux falaises qui bordent le cours d’eau, Balazuc présente un très beau patrimoine restauré, une multitude de ruelles tortueuses, d’escaliers et de rampes de pierre. Le village est implanté sur un sol calcaire dur qui a permis l’émergence d’un paysage constitué de chênes et de vignes. Lorsque le village fut édifié, de nombreuses failles et cavités calcaires ont été comblées ou utilisées comme caves ou comme étables. A la fin du 19ème siècle, la roche a été dynamitée pour percer la route qui passe désormais au cœur du village.
Dans cette ambiance très minérale, la pierre a évidemment toujours été à disposition. A Balazuc, le calcaire dur est extrait d’une carrière exploitée à proximité. Il s’agit d’un calcaire blanc-jaune ou blanc gris selon le banc dont il provient. Mais c’est une roche difficile à sculpter, ce qui explique l’absence d’ornements sur les bâtiments du village.
En plus de la carrière, certains bâtiments peu à peu abandonnés ont aussi constitué une réserve de pierre pour la construction de nouveaux bâtiments. On peut ainsi retrouver sur des façades récentes des éléments anciens qui ont été réemployés. Le village possède aujourd’hui encore un très beau patrimoine : l’église romane et ses deux nefs accolées, la tour de la reine Jeanne qui domine l’Ardèche, d’anciennes chapelles, ou encore le château de Balazuc construit entre le 11ème et le 12ème siècle.
Le saviez-vous ? Au 15ème siècle, un sarcophage gallo-romain en marbre blanc a été découvert au hameau des Salles. Il témoigne, avec ses scènes sculptées tirées du Nouveau Testament, de l’existence d’une villa occupée par un dignitaire gallo-romain converti précocement au christianisme.
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