Il vous est sûrement arrivé de passer à proximité d’une carrière et de vous dire que l’homme avait tout détruit sur son passage. Mais qu’en est-il vraiment ? A travers ces 5 questions d’apparence anodine, nous allons vous montrer qu’en réalité, l’exploitation d’une carrière développe un nouveau cycle naturel étonnant. De l’extraction à la remise en état et aux nouveaux projets d’aménagements, vous n’allez pas être au bout de vos surprises. Prêts ?
Beaucoup ! Nos besoins en pierres restent aujourd’hui importants : construction de maisons, d’immeubles, aménagements paysagers, ouvrages d’art, ou encore construction de routes ou d’infrastructures. D’ailleurs, quel village dans notre région n’a pas sa route des carrières ? Normal, car elles étaient, et sont encore, souvent proches du lieu d’utilisation des matériaux. Assez parlé, vous voulez un chiffre pour briller en soirée ? Eh bien pas moins de 570 carrières sont en cours d’exploitation en région Auvergne-Rhône-Alpes ! Il faut dire que la pierre est bien souvent un produit local. Depuis toujours, le produit de ces sites est destiné à un marché de proximité. On peut citer l’exemple des pierres dorées dans les Monts d’Or, la pierre de Villebois ou de Hauteville, la pierre de Volvic ou encore la pierre de Grésy-sur-Aix : des pierres emblématiques de leur territoire.
Exemple d'une carrière
Halte aux idées reçues qui voudraient qu’exploiter une carrière soit synonyme de destruction. C’est faux ! Bien sûr, l’exploitation d’une carrière modifie nécessairement le milieu. Mais la réalité est différente. Au fil des décennies, les industriels, grâce aux associations de protection de la nature et aux scientifiques, ont appris à comprendre ce qu’ils étaient capables de générer. Mettre à nu la géologie en retirant la partie végétale permet de faire apparaître ce qu’on appelle les milieux pionniers : le sol à l’état brut, initial. Ce sont des milieux très favorables à la dynamique écologique. Pourquoi ? Parce que sur une carrière, il n’y a aucune intervention chimique, ce n’est que de la mécanique ! En prenant donc quelques précautions, cette dynamique va faire émerger tout un cortège d’espèces dites pionnières à l’origine d’un cycle naturel régénérateur. Etonnant, non ?
Sur la partie minérale du sol, vous allez ainsi pouvoir retrouver des végétaux spécifiques à ces milieux mais aussi des espèces d’oiseaux d’amphibiens ou de végétaux. Mais ils n’apparaissent pas d’un coup de baguette magique, non ! Pour favoriser leur apparition, les industriels ont appris à travailler différemment : exposer les sols d’une manière particulière, creuser des trous d’une certaine profondeur pour obtenir une hauteur d’eau spécifique, préserver certains secteurs à des périodes importantes pour certaines espèces etc. C’est ainsi qu’on retrouve des espèces propres aux milieux pionniers. Lesquelles ? Le crapaud calamite, le triton crêté ou encore le crapaud sonneur à ventre jaune. L’hirondelle de rivage est aussi très présente. Cette espèce vient généralement au printemps et niche dans les bancs de sable en bord de rivière. Aujourd’hui, les aménagements humains ont réduit cet habitat et l’hirondelle de rivage trouve refuge tout naturellement dans les carrières. On peut également citer le hibou grand-duc d’Europe qui trouve, dans de très nombreuses carrières de roche massive, les falaises dont il a besoin.
Dans le secteur, les engagements ne se limitent pas aux mots. Les carriers sont de plus en plus conscients de la nécessité de sortir la pierre d’une façon spécifique pour créer des milieux propices à certaines espèces. Leur prise de conscience est forte. Par exemple, certaines zones de la carrière peuvent être laissées en jachère sans activité pour favoriser l’installation d’une hirondelle de rivage ou de certains amphibiens venus dans une mare pour se reproduire.
Aujourd’hui, des conventions sont signées entre les exploitants de carrières et des associations pour protéger assurer le suivi et l’accompagnement nécessaire à la préservation de ces espèces et favoriser par la suite un réaménagement durable.
Cet engagement est aussi valable après l’exploitation. Dès l’instruction du projet, l’industriel s’engage à remettre en état le site et à mettre en œuvre un nouvel aménagement. Les projets sont préconstruits avec les propriétaires en fonction de l’environnement, du contexte, des besoins. L'objectif est de construire en concertation avec les parties prenantes un projet de territoire. Après avoir vécu un certain nombre de réglementations comme des contraintes, la profession a fait sienne une forme de responsabilité en matière environnementale et sociétale. En cinquante ans, les lignes ont bougé de façon spectaculaire.
Cette prise de conscience a incité le secteur à professionnaliser certaines pratiques, des pratiques plus responsables. Aujourd’hui, des colloques sont organisés pour partager les expériences et les savoir-faire. Grâce à cela, toute la profession avance. Chaque entreprise du secteur réunit désormais des compétences dans le domaine du foncier, de l’écologie, de l’environnement ou de l’agronomie. Les engagements sont donc concrets !
Autre exemple d'une carrière
Raté, c’est précisément le contraire ! Si pendant son exploitation tout est fait pour préserver et développer son environnement, la fin de vie d’une carrière poursuit ce long travail pour que le terrain exploité regorge de trésors naturels et environnementaux. La nouvelle vocation du site – post exploitation – est toujours décidée dès le début du projet de carrière. Il conditionne d’ailleurs l’autorisation d’exploiter le site. Voici comment :
Ecopôle du Val d'Allier, © Ecopôle du Val d'Allier
Le grand parc de Miribel-Jonage avec son lac, anciennement exploité par des carriers
Enfin, pour mieux appréhender l’évolution d’un site de carrière aujourd’hui bien intégré, rendez-vous à l’entrée de Lyon, à la carrière de Niévroz. Il a pour spécificité de faire l’objet d’un réaménagement coordonné. Autrement dit, le terrain est restitué au fur et à mesure de l’exploitation de la carrière en terrains agricoles. Cela est possible lorsqu’il y a suffisamment de matériaux à extraire pour restituer le même niveau de terrain. Niévroz est aussi devenu un site pédagogique. Deux belvédères permettent, pour l’un, de comprendre comment les carriers exploitent et comment ils préparent les sols, et pour l’autre, de montrer un terrain d’une quinzaine d’hectares aujourd’hui réhabilités en terrains agricoles.
Difficile donc aujourd’hui de deviner qu’il s’agit d’une ancienne carrière. Et pourtant !
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