Pas besoin d’aller chercher plus loin ! Dès sa fondation, Lugdunum s’est construite grâce à des matériaux locaux. Ainsi depuis la Rome antique jusqu’à aujourd’hui, cette richesse régionale a été joliment exploitée pour concrétiser les ambitions architecturales lyonnaises. Granite, calcaire ou sables de la vallée du Rhône, on les retrouve partout, des églises aux ponts, des habitations aux grands édifices. Avec des variations selon l’époque et les usages. Tour d’horizon des matériaux qui ont fait de Lyon ce qu’elle est aujourd’hui…
Pour façonner le visage de la capitale des Gaules au fil des siècles, les Lyonnais ont choisi différents types de pierres pour des raisons de proximité mais aussi d’esthétique et de qualité.
Aux 18ème et 19ème siècles, les pierres qui dominent la construction de la ville de Lyon avaient déjà été utilisées par les Romains. Il s’agit de roches du Jura : la pierre de Villebois ou de Montalieu-Vercieu. A partir du 18ème siècle, son exploitation devient particulièrement intensive avec une cinquantaine de carrières et environ 2500 ouvriers. Il s’agit d’un calcaire à grain fin, semi-cristallin, gris ou blanc grisâtre, appelé choin. Cette pierre est à la fois dure et résistante et se prête très bien à la taille et au polissage. On la retrouve sur tous les quais du Rhône et de la Saône, sur les ponts du Change, Tilsitt, Morand ou encore Lafayette. C’est ce choin qui est aussi utilisé pour construire entièrement tous les beaux immeubles du centre de Lyon ainsi que certains soubassements ou escaliers. Quant aux grands édifices que sont l’Hôtel de Ville, le Palais de Justice, la Bourse, l’Opéra, la Préfecture ou l’ancienne Université, ils lui doivent leur style et leur pérennité. La pierre de Villebois, utilisée avec d’autres pierres, est aussi présente sur la basilique de Fourvière, la cathédrale Saint-Jean ou l’église Saint-Georges.
Cathédrale Saint-Jean, dans le quartier du Vieux-Lyon
Le granite de l’Ouest lyonnais a notamment été très utilisé pour le pavage ou les bordures de trottoirs. Exploité dans une dizaine de carrières par le passé, il peut présenter plusieurs teintes : gris à Montagny, rosé à Oullins, blanc à Taluyers, bleu à Saint-Andéol ou encore noir à Mornant. A Lyon, on le retrouve par exemple sur l’église de Saint-Joseph dans le 6ème arrondissement. Quant au microgranite de Courzieu, de meilleure qualité, il a servi à la fabrication de millions de pavés pour la ville.
Les roches sédimentaires du Mont d’Or ont offert aux Lyonnais au fil des époques un panel de teintes et de nuances qui donnent aujourd’hui à la ville tout son charme et toute son esthétique. Voyons lesquelles !
Pendant de nombreux siècles, le calcaire à gryphées fût la pierre de Lyon par excellence. Des dalles de toutes dimensions ont pu être extraites, de couleur gris bleu en profondeur ou jaunâtre en surface. Avant le 19ème siècle, c’est la pierre de toutes les maisons, sous forme de pierres de taille ou de moellons. C’est aussi un calcaire que l’on retrouve dans les escaliers de l’Hôtel-Dieu ou de l’Hôtel de Ville mais également à l’église Saint-Nizier ou à la Basilique de Fourvière.
Basilique Notre-Dame de Fourvière, à Lyon
Le calcaire de Couzon a aussi été largement apprécié des Lyonnais, notamment à la Renaissance. Aussi appelé la « pierre jaune de Saint-Cyr », c’est sa couleur a donné son nom au Mont d’Or. Le calcaire de Couzon a été exploité dès le 15ème siècle. Mais avec des bancs de faible épaisseur et une mauvaise résistance à l’usure, son usage s’est trouvé très vite limité. On la retrouve essentiellement en moellon cachée par un enduit comme ce fut le cas à la prison Saint-Paul.
La pierre de Lucenay est une pierre massive de couleur blanche, crème ou rosée. Demi-dure, elle est facile à tailler ou à scier. Dès le Moyen-Âge, c’est elle qui domine tous les édifices religieux, de l’église d’Ainay à la cathédrale Saint-Jean en passant par l’église Saint-Nizier. On l’utilise également pour la cour intérieure du Palais Saint-Pierre, la balustrade de l’Hôtel de Ville ou le Palais de la Bourse.
Les sables et les gravières sont la base du matériau par excellence du monde moderne : le béton. Parmi les lieux d’exploitation des vallées de la Saône et du Rhône, la carrière de Garon à Millery est celle qui extrait le tonnage le plus élevé de France. Parmi les monuments emblématiques de la ville de Lyon bâtis en béton, on peut évidemment citer le premier gratte-ciel lyonnais ou encore l’auditorium de Lyon. Des constructions résolument locales !
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