Carreaux de salle de bains, vaisselle ancienne ou contemporaine et design, les usages de la faïence sont divers et durables. Le matériau est encore aujourd’hui associé à une certaine esthétique (ou une esthétique certaine !) et à une exigence en matière de qualité. Mais il existe bien souvent une confusion entre faïence, céramique ou encore porcelaine ou terre cuite. Définition, histoire, origine, lieux et secrets de fabrication, La Vie en Pierre vous dit tout sur la faïence.
Son nom d’abord, il vient de la ville italienne de Faenza où le matériau a été rendu célèbre. La faïence fut importée d’Orient pour être introduite en Europe au 16e siècle. Il s’agit d’une poterie de terre émaillée ou vernissée généralement à fond blanc. La faïence fait partie de la grande famille de la « céramique » qui désigne le nom de la discipline qui régit la fabrication de pièces en terre cuite mais aussi la matière elle-même.
Elle est donc à différencier :
Ville de Faenza, berceau de la faïence, en Italie
Il existe deux types de faïence :
La plupart des terres cuites de faïence dans le monde utilisent une terre argileuse qui est un mélange de potasse, de sable, de feldspath et d’argile ! La faïence est produite à base d’argiles et de kaolins qui proviennent de la décomposition de roches granitiques. Et ces roches proviennent de carrières de la vallée du Rhône dont le gisement est très spécifique. Pendant de nombreuses années, ces carrières de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont alimenté l’industrie céramique. Les kaolins sont des argiles blanches, friables et réfractaires. Si le premier pays producteur de kaolin reste les États-Unis d’Amérique, il existe également des carrières en France et plus particulièrement en Auvergne-Rhône-Alpes avec les carrières d’Échassières dans l’Allier et celles de Larnage et Rochefort-Samson dans la Drôme.
Séance de poterie avec de l'argile
Pour réaliser une faïence de qualité, trois étapes sont nécessaires :
Les pièces de poterie peuvent être obtenues par moulage, par estampage ou par tournage. Elles sont ensuite placées dans un four à une température de 1050°C. Huit heures après, la cuisson est terminée ! Grâce à cette cuisson, l’objet devient suffisamment solide pour faciliter ensuite les manipulations. Il gagne aussi en porosité pour rendre l’émaillage plus facile. La cuisson permet d’obtenir ce qu’on appelle le biscuit.
La glaçure est composée d’oxyde de plomb, de silice et d’oxyde d’étain. C’est elle qui vient napper l’objet à l’état de biscuit comme un lait de chaux. Elle est alors immédiatement absorbée. Une seconde cuisson permet de passer de l’état de dégourdi à l’état de faïence.
Au moment de la pose du décor sur la glaçure, l’erreur n’est plus permise. Cette étape de la décoration est réalisée au pinceau ou par impression. Si le décor est peint à la main, il est réalisé sur un motif reporté à l’aide d’un poncif ou directement à la main. Le décor imprimé est une technique apparue au 19e siècle. Elle permet d’exploiter la porosité de la pâte. Aujourd’hui, ce même procédé est mécanisé par transfert ou décalcomanie.
La faïence, c’est une vieille histoire ! C’est l’une des plus anciennes techniques utilisée en céramique. Elle a été découverte en Irak au 9e siècle avant d’être diffusée en Occident à la Renaissance. Ce fut une petite révolution dans le monde de la céramique puisqu’elle a permis d’aller au-delà des décors cloisonnés ou incisés qui permettaient de délimiter les couleurs.
Avec la faïence, le potier a pu utiliser le fond blanc pour réaliser des décors plus élaborés, de véritables peintures. Il était en effet possible de déposer la peinture sur la glaçure sans risquer de la voir s’épancher sur le vernis et avec un rendu particulièrement vif et lumineux. La faïence remporte très vite un grand succès en raison des possibilités qu’elle offre en matière de motifs créatifs et de couleurs.
Au 16e siècle, les potiers italiens mettent à profit son émail blanc pour réaliser de véritables tableaux en miniature. C’est à la même époque que sont réalisés des vases de pharmacie au décor bleu et blanc. A partir du 17e siècle, la faïence est très largement utilisée pour imiter et concurrencer la porcelaine chinoise. Au 18e siècle, les manufactures de faïence se multiplient un peu partout en France. Nombreux sont les nobles de l’époque à avoir fait faire des services en faïence ornés de leurs armoiries. C’est à la fin du 18e siècle seulement qu’apparaît la faïence fine qui connaît par la suite un très fort développement.
C’est au cours du 16e siècle, lorsque la technique est arrivée en France, que Lyon est devenue un centre majeur de production de faïence. La ville a alors attiré des potiers florentins et ligures.
C’est surtout au 19e siècle que la vallée de Dieulefit connaît un essor important de la céramique avec en 1833 pas moins de 52 fabriques employant près de 700 ouvriers. La faïence de Dieulefit est une production traditionnellement culinaire. Elle se caractérise aussi par une couleur jaune paille naturellement obtenue par vernissage à l’alquifoux non teinté, une glaçure au sulfure de plomb. Au 20e siècle, on diversifie largement la production : arts de la table, luminaire, accessoires de salle de bain, funéraire, vases et décoration. Aujourd’hui encore, des artisans-céramistes continuent d’œuvrer dans la vallée de Dieulefit.
Faïence de Dieulefit dans la Drôme, © Auction.fr
La faïence fabriquée à Meillonnas se caractérise par un décor assez délicat et fleuri. Dès la fin du 16e siècle, une terre vernissée, le « service vert » est diffusé dans toute la région et au-delà de Lyon. Vers 1760, le baron de Meillonnas crée une faïencerie dans son château. On y utilise alors la technique du grand feu et on crée une véritable manufacture produisant de magnifiques pièces peintes. A la fin du 18e siècle, la faïencerie est confiée aux frères Maurel qui orientent la production vers des objets de consommation plus courante. Au 19e, on expérimente d’autres techniques et on diversifie la production de façon plus industrielle. En 1845, on abandonne la production de faïence au profit du grès ou de la porcelaine. Aujourd’hui, les faïences de Meillonnas sont des pièces de collection.
Il existe aujourd’hui une fabrication de faïences d’inspiration roannaise des 17e, 18e et 19e siècles. Ce sont des objets confectionnés par estampage, tournage main et coulages. La technique est celle d’une argile rouge biscuitée à 1050°C, d’un émaillage par immersion, d’une pose de décor sur émail cru avant une cuisson à 980°C pour fixer les couleurs. Les pièces produites le sont dans l’intention de conserver l’esprit des faïences d’autrefois.
Faïence de Meillonnas dans l'Ain, © Chasseautresor.ain.fr
La faïence est une céramique poreuse, moins sonore, moins dure et moins dense que le grès ou la porcelaine. Bien que plus fragile, elle reste toujours très appréciée, notamment pour son moindre coût et sa facilité de fabrication. La faïence recouvre les murs, équipe les salles de bain et compose encore une bonne partie de la vaisselle. Elle est très appréciée pour la décoration. Si la faïence a des faiblesses, elle a aussi de grandes qualités : une bonne tenue dans le temps, un entretien facile, une facilité de mise en œuvre. Si la faïence est très utilisée dans la cuisine ou la salle de bain, c’est parce qu’elle résiste très bien à l’humidité. Enfin ses qualités esthétiques sont indéniables. C’est pour cette raison que l’on retrouve depuis des siècles des carreaux de faïence aux motifs parfois spectaculaires sur des édifices ou de belles demeures anciennes.
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