La France est riche d’un sous-sol composé de centaines de variétés de roches. En se baladant de région en région, on s’aperçoit facilement que nos villes, nos monuments et nos bâtiments sont un témoignage vibrant de ce patrimoine. Parmi cette diversité, la filière des pierres naturelles s’organise depuis plusieurs années en associations régionales pour faire gagner leurs lettres de noblesse de certains matériaux en convoitant le label IG (Indication Géographique) auprès de l’INPI. Qu’en est-il vraiment, que cela signifie-t-il et pourquoi est-ce vraiment si important de défendre cet héritage que nous avons tous en commun ?
Avec plus de 550 000 km² de surface, la France est un pays géologique particulièrement riche dont les pierres façonnent nos paysages. Distillées aux 4 coins de France, les entreprises qui extraient et façonnent ces matériaux aux couleurs et textures si riches ont toutes la même volonté : pérenniser le savoir-faire et faire rayonner la qualité des pierres naturelles françaises.
En tout et pour tout, on dénombre ainsi plus de 400 carrières sur tout le territoire qui sont gages d’un approvisionnement local, enjeu majeur pour une qualité premium des pierres, et l’assurance pour les professionnels du bâtiment, tels que les architectes, de faire des choix pertinents et raisonnés au moment de donner corps à leurs inspirations. Car, au moment de notre prise de conscience environnementale, dans les matériaux de construction aussi, il faut des marqueurs forts pour inciter à privilégier les circuits-courts qu’ils soient régionaux ou nationaux.
Le label IG (Indication Géographique) a un but très précis : valoriser la provenance et le savoir-faire - souvent ancestral - d’un produit. Très présente dans l’industrie alimentaire, on pensera par exemple au Champagne ou encore à la Moutarde de Dijon, la filière de la pierre s’est emparée du sujet il y a une dizaine d’années. Il faut dire que la France a toujours été une terre de patrimoines et l’enjeu de la protection a vu le jour dès le XIXème siècle ! Et le sujet est encore plus brûlant aujourd’hui à l’ère d’une mondialisation décomplexée.
Concernant les pierres de construction françaises, il n’en est pas moins vrai. Ce patrimoine géologique doit être tout autant défendu et ce pour diverses raisons impossibles à hiérarchiser tant les enjeux sont de taille :
Audrey Aubard, consultante spécialisée et secrétaire Générale de l'Association française des indications géographiques industrielles et artisanales (AFIGIA), indique qu’il faut « plusieurs mois, voire des années, pour constituer un dossier de demande d’IG. Le dossier doit être complet en tous points et justifier la requête avec de nombreuses preuves à l’appui et, surtout, être doté d’un cahier des charges qui régira tout futur acteur porteur de l’IG en question ». Le but étant avant tout de « valoriser le patrimoine géologique et faire en sorte que dans les marchés les matériaux français soient privilégiés. ».
Une fois déposée auprès de l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle), un comité d’experts se chargera d’évaluer la pertinence de la demande et pourra aussi demander d’apporter des modifications et/ou des précisions avant d’avaliser ou non l’obtention du label. Au vu du nombre de pierres naturelles existantes fortes d’un héritage historique et culturel de plusieurs siècles, croyez-nous : le répertoriage de nos matériaux n’en est qu’à ses débuts !
D’ailleurs, savez-vous combien il existe de pierres naturelles sous IG en France ? À l’heure actuelle, seulement une toute petite dizaine alors que plusieurs centaines de pierres composent nos sols. On vous laisse imaginer toute la richesse géologique mais aussi le travail à venir pour continuer à garantir la transparence et à renforcer la valeur ajoutée de nos roches. Voici un petit panel des pierres sous IG de nos contrées.
C’est en 2017 que le Granit de Bretagne devient officiellement la toute première pierre naturelle française à obtenir le label IG par l’INPI grâce à la volonté de plusieurs hommes et femmes regroupées sous l’association IG de Granit de Bretagne. Reconnue comme Organisme de Défense et de Gestion (ODG), l’association s’emploie à valoriser au quotidien ce matériau local dont l’ADN est synonyme d’aspect cristallin et de compacité.
Allant d’une teinte grise-foncée plus au moins prononcée et exploité depuis plus de 150 ans dans la région, le Granit de Bretagne a un cahier des charges qui implique des recherches microscopiques, pétrographiques ou encore magnétiques pour juger de l’appartenance ou non des pierres extraites de la zone. Avec plus d’une vingtaine d’entreprises recensées sous cette IG, contremaîtres, maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrage et consommateurs sont ainsi assurés d’être en présence du granit "made in Breizh”.
Face, notamment, aux pierres de contrefaçons, il était urgent de protéger la Pierre de Bourgogne. C’est chose faite depuis 2018 pour certifier de l’entière transparence quant à l’origine de la matière et du mode de fabrication employé. Extraction et transformation étant entièrement assurées sur le territoire d’origine de la roche, ce sont plus de 50 entreprises qui assurent la longévité de ce savoir-faire reconnu mondialement.
Avec un travail de fond mené par l’Association Pierre de Bourgogne depuis le début des années 2000, la région peut fièrement revendiquer plus de 80 sortes de pierres de Bourgogne. De quoi assurer une continuité dans la notoriété internationale de cette roche qui a été choisie à de nombreuses reprises pour construire des emblèmes architecturaux aux quatre coins du monde. Citons en exemple le Musée du Louvre ou encore la Tour Taipei à Taïwan pour ne donner que deux des plus célèbres.