C’est sans doute le pont le plus connu de France, même s'il a pris sa retraite depuis bien longtemps. Plus de 2000 ans après son édification, le Pont du Gard fascine toujours autant. Ce pont-aqueduc romain, construit en 50 après Jésus-Christ est une prouesse technique et architecturale qui a alimenté la ville de Nîmes en eau pendant 5 siècles. Le tout grâce à la pierre toute proche de la carrière de l’Estel. Une fierté pour la ville de Nîmes qui, pendant un temps, rivalisait avec Rome.
Le Pont du Gard peut être considéré aujourd’hui comme l’un des vestiges romains le mieux conservé au monde. Cet ouvrage est en effet un chef-d’œuvre d’ingénierie aux dimensions encore impressionnantes. Haut de 49 mètres et long de 275 mètres, il se compose, choix rarissime à l’époque, de 3 rangées d’arches superposées : 6 arches au 1er niveau, 11 arches au 2e niveau et 47 arceaux à l’origine. On estime son poids total à 50 000 tonnes.
Pour réaliser ce chantier colossal en seulement 5 ans, ce sont près d’un millier d’hommes qui ont été engagés. Une fois construit, l’aqueduc pouvait acheminer par gravité 30 000 à 40 000 m3 d’eau courante par jour. Cette eau parcourait, depuis une source d’Uzès, une distance de 50 km grâce à une pente moyenne de 25 cm par kilomètre. C’est à cette époque l’une des pentes les plus faibles jamais réalisées.
Pour réaliser cette prouesse technique, les Romains ont utilisé une pierre locale particulièrement adaptée à la taille. Ce calcaire coquillier provenait de la carrière de l’Estel à seulement 600 mètres en aval du pont sur la rive gauche du Gardon. Ce sont des fouilles récentes qui ont permis de découvrir ce lieu d’extraction, ses fronts de taille ainsi que les techniques utilisées pour la construction du Pont du Gard. Certains blocs extraits pouvaient atteindre les 6 tonnes. Et on estime qu’environ 11 millions de blocs ont été utilisés pour l’ensemble de l’aqueduc.
Quant au cœur de la canalisation parfaitement étanche, il est réalisé avec le fameux béton romain à base de chaux et badigeonné d’une peinture à base d’oxyde ferrique pour éviter la dégradation due au calcaire.
Au 18e siècle, un second pont est construit, accolé au premier ouvrage. Il s’agit cette fois d’un pont routier appelé le Pont Pitot. Et pour le construire, ses concepteurs choisissent à nouveau la pierre de la carrière de l’Estel qui connaît alors une nouvelle activité importante.
Au 1er siècle, grâce à cette réalisation majeure, la ville de Nîmes voit croître son prestige. Dans la cité, les fontaines et les thermes se multiplient, l’eau courante arrive dans les riches demeures et la notion de salubrité devient une réalité.
2000 ans plus tard, le Pont du Gard est préservé grâce lancement de l’opération Grand Site national. Ainsi, ce monument exceptionnel est désormais uniquement accessible aux piétons et les infrastructures proposées aux visiteurs ont été améliorées avec la construction d’un musée. Les nouveaux bâtiments construits dans la roche sont invisibles depuis le Pont dont ils imitent la couleur.
Des calcaires locaux, similaires à ceux de la carrière de l’Estel dont étaient issues les pierres d’origine, sont utilisés pour fournir les matériaux nécessaires à la restauration. Cette approche garantit une intégration harmonieuse et une cohérence pour ce géant qui n’en finit pas d’émerveiller depuis l’époque romaine.
Aujourd’hui encore, des carrières de pierre sont actives aux environs du Pont du Gard, notamment sur les communes de Vers et Castillon-du-Gard. Elles fournissent de nombreux chantiers contemporains de construction en pierre massive, labellisée Indication Géographique La Pierre du Midi.
Crédit photo : © Nicolas Bicorne / © Gilbert Bochenek